J’aime ce que je suis devenue

p_1507_314_56_photo|mois_lou|raffenel_lLou, Hastings
Une année scolaire en Nouvelle-Zélande
En image : Lou et ses amis

Avouons-le: au départ, je suis vraiment mauvaise en anglais! Je ne manque pas d’intérêt pour cette langue, bien au contraire. Seulement —allez savoir pourquoi— je bloque. Les temps, les verbes irréguliers… tout se mélange dans ma tête et ça donne un genre bizarre à mon discours: un aspect des plus poétiques, mais des propos totalement incompréhensibles. Et je dois avouer que cette situation est très frustrante. Je ne demande qu’une chose: progresser. Grande amoureuse des voyages et des aventures j’ai donc eu l’envie de partir un an à l’étranger pour remédier de façon définitive à mes problèmes linguistiques. Mes parents, bien qu’inquiets à cette idée, m’ont épaulée dans mes recherches et nous avons trouvé PIE. Je ne les remercierai jamais assez pour cette fabuleuse aventure!

À l’heure du départ je suis bien loin de stresser. Je vais enfin partir pour neuf mois en Nouvelle-Zélande! Pas facile à réaliser. Mes amis restent en France, mes parents pleurent, et moi, moi qui vais les quitter, j’exulte.
L’arrivée dans le pays et la rencontre avec ma famille d’accueil est le moment où je réalise vraiment ce que j’ai fait et où je suis. Je ne sais pas parler anglais, et pourtant, je ne stresse pas du tout. Je me mets à discuter en anglais, de façon plutôt fluide, malgré la fatigue. À mon grand étonnement, je comprends une très grande partie des questions qui me sont posées. Je suis très vite complètement séduite par ma famille d’accueil; je réalise à quel point je suis chanceuse d’être parmi eux: ils me rassurent et m’apportent le confort familial qui me donne ce sentiment de sécurité. C’est le coup de foudre!

Il me reste encore à passer l’épreuve de l’école. Je m’inquiète: vais-je m’intégrer? pouvoir communiquer? me faire des amis? vais-je aimer les cours? Le premier jour passe et je comprends que mes appréhensions sont loin d’êtres fondées. Certes, il ne m’est pas aisé de communiquer et les propos que je tiens, parfois me sidèrent… En France j’étais quelqu’un de plutôt timide, doutant de mes capacités. Ici je me lance — en baragouinant anglais —et je crée vite des liens avec les étudiants. C’est étonnant. Ma famille d’accueil me dit que je suis aidée par ma «bubbly» personnalité. Je découvre un nouveau moi, qui me ravit! Ce voyage devient l’occasion rêvée de repartir de zéro : ici personne ne me connait et ne me juge.
Très vite, je prends beaucoup de plaisir à suivre les cours (qui sont si différents de ceux que je suis en France). L’école devient un lieu de plaisir: on s’approcherait presque des vacances. On travaille de 8h à 15h. Les professeurs sont tellement cordiaux que c’est une joie d’apprendre avec eux. Mon professeur de «travail du bois» devient même l’un de mes meilleurs amis, me taquinant à tous les cours et venant me parler après l’école. Contrairement à ce qui se fait en France, ici à l’école, on ne pratique ni l’intimidation, ni le commérage, ni la dévalorisation. Le plus agréable reste cette possibilité qui nous est offerte de choisir les matières que l’on étudie. Mon emploi du temps: cuisine, art, anglais, théâtre, travail du bois et sport. Autant dire… le rêve! Il va sans dire que je me fais plaisir.

Le seul point ennuyeux est l’uniforme obligatoire! En soi, il n’est pas moche, mais le problème pour les filles c’est qu’elles ne peuvent porter que des jupes ou des robes! Alors je me jette sur mes bons vieux pantalons dès les cours finis.
Après avoir découvert et goûté à une telle liberté dans le système éducatif je me dis que les écoles françaises ont une bonne marge de progression!
Plus les semaines passent plus je comprends l’utilité de s’inscrire à des clubs, de participer à des activités. C’est grâce à eux que le contact avec les étudiants se fait, que l’on s’intègre et que l’on rencontre ceux qui deviendront nos plus proches amis. Les étudiants de ma classe ce sont intéressés à moi durant les deux premières semaines qui ont suivi mon arrivée, puis m’ont très vite oubliée. Il n’est pas aisé de débarquer en milieu d’année scolaire, les groupes d’élèves étant déjà composés et les habitudes étant bien ancrées. Un nouvel étudiant est une source d’intérêt et d’intrigue les premiers temps, mais très vite il perd son attrait. Je ne dis pas cela pour critiquer, c’est simplement un constat. Vous pourriez penser que je n’ai pas essayé d’aller assez vers eux, ou bien que c’est ma personnalité qui pose problème… mais franchement je ne crois pas, car ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Je passe beaucoup de temps avec les autres étudiants d’échange du lycée. Nous composons un petit groupe génial. Nous venons de partout : Allemagne, Norvège, Italie, Japon et France. C’est magnifique de penser que nous sommes tous réunis grâce seule langue, qui nous est commune et qui, à la base pourtant, nous est si étrangère. En dehors des cours, il va sans dire que nous ne nous privons pas d’aller à la plage, de faire du shopping, des balades, de nous essayer au surf.
Quand nous n’avons pas de projets, c’est l’école qui nous organise des «Trips», tel que le ski, les randonnées, la découverte, l’«Outdoor Education»… Pour le trekking je pense avoir trouvé le pays des rêves. Je ne sais où donner de la tête: forêts, montagnes, plages et autres endroits exotiques. La merveille des merveilles tient à l’omniprésente du vert. Que l’on soit en ville ou à la campagne, les arbres, les fleurs, la faune et la flore arborescente sont exubérants.

Pendant mes vacances d’été, j’ai eu la chance de partir dans l’Île du Sud. J’ai vécu des moments fous: je me suis essayée au saut en parachute, j’ai fait du rafting, j’ai nagé avec des dauphins, j’ai fait du kayak dans des lagons et bien d’autres choses incroyables! J’ai également rencontré des personnes merveilleuses. Nous avons joué à des jeux linguistiques trop marrants, nous avons échangé sur les stéréotypes nationaux. J’ai appris que la France était pour tous les étrangers un lieu magique mais que les Français étaient racistes, narcissiques et arrogants! Quelle belle réputation nous avons! Je me suis amusée à tenter de démonter ces clichés, ce qui m’a quand même valu un: «Je détestais les français, mais maintenant que je t’ai rencontrée, je vais revoir mon jugement» ; ça m’a fait rire.
Quand je pense à ma famille d’accueil je me dis qu’ils sont fous! Que de bêtises et que de rires nous partageons. Ils sont quelque peu atypiques!
Voilà que trois mois avant mon départ, j’ai une soeur d’accueil japonaise qui débarque. Cela change mon séjour, mais en mieux! Nous devenons inséparables. Je me plais à l’aider quand elle en a besoin, un peu comme un mentor (car j’ai déjà vécu sa situation).

Dans mon école, c’est maintenant l’heure des « House Events » : compétitions d’athlétisme, de nage, journée hippie. C’est le temps des rires et des déguisements!
Attention, durant un échange, tout n’est pas rose et tout n’est pas positif. Il faut parler du fameux «Homesick»! Je ne l’ai pas croisé pendant les six premiers mois, mais il a surgi à l’improviste, au moment des fêtes. Noël, le Nouvel An et son anniversaire loin des siens ne sont pas choses aisées à vivre. Les cultures paraissent alors bien différentes. Le réveillon «camping, bière et barbecue»… c’est pour le moins spécial. Surtout quand on va se coucher à 22h… sans avoir eu de foie gras. Mes parents m’en avaient pourtant envoyé du foie gras, mais quand j’ai voulu le faire goûter à ma famille d’accueil, ils ont choisi de le mélanger avec de la vigimite (pâte à tartiner noir pétrole, très salée). Le choc de ma vie!
Heureusement, dans des moments pareils «Skype» est là pour vous aider! Mais attention : c’est un outil qu’il faut savoir gérer avec rigueur et modération, car il peut vite interférer dans votre séjour. Moi j’ai trouvé un moyen super de contourner le problème. Je skype à ma famille… en anglais! Bien sûr, les premiers mois, ça n’a pas été facile, mais au final cela à été doublement bénéfique: un bon entraînement pour tout le monde, si ce n’est pour ma mère qui ne peut s’empêcher de répondre en français! Sinon, j’ai beaucoup communiqué par courrier. C’est une joie immense que de recevoir une lettre!

La Nouvelle-Zélande m’a tellement apporté !
J’ai appris à m’aimer et à accepter les challenges. Je n’ai plus peur d’essayer quelque chose de nouveau et encore moins de me ridiculiser. J’aime ce que je suis devenue. Je veux continuer à grandir et à me découvrir. Cette année est d’une richesse inégalable. J’ai maintenant des amis à travers le monde entier. Nous venons d’horizons différents et pourtant je sais que nous nous reverrons… Nous parlons tous des langues différentes, nous avons des cultures parfois opposées et pourtant nous sommes réunis par l’anglais.
Mon appareil photo, mon bloc note et mon crayon sont vite devenus mes trois outils essentiels.
Voilà. Tout cela est fini. Tout cela c’était ma vie pendant neuf mois et tout cela a pris fin.
Quand j’ai réalisé que ce rêve s’achevait et que le temps était venu de quitter ma nouvelle famille et mes amis, j’étais des plus déprimée. Je m’en souviens! Que d’ «au revoir» déchirants, ponctués de tant de pleurs.
Mais, de retour en France —de retour à la maison—, j’ai pris du recul sur mon expérience. Aujourd’hui, je peux affirmer que je ne regrette rien et que, pour rien au monde, je ne changerais quoi que ce soit à ces neuf derniers mois! Je n’ai plus qu’une envie : continuer à parler anglais, voyager à travers le monde, découvrir un nombre incalculable de pays, de nouvelles personnalités et de nouvelles cultures.