Marie, Bolton, Connecticut

Je viens du fin fond du Sud de la France. Vous imaginez bien qu’en apprenant mon placement, au coeur du Connecticut,
je me suis préparée avec grand sérieux à l’hiver : gants, chaussettes, bonnets, écharpe, Damarts… J’étais parée pour affronter le froid et la neige. Prête, vraiment prête… Jusqu’à samedi. Car c’est samedi que tout a commencé. D’abord du brouillard, simplement du brouillard, puis la neige, puis, plus rien : plus de lumière, plus d’eau, plus de téléphone, plus de chauffage, plus de télé (et ça croyez moi, c’est synonyme de panique aux USA). La neige tombait, tombait, tombait ; 50 cms en 4 heures (de la fenêtre, c’était magnifique)
; impossibilité totale de circuler ; 3 jours, coupés de la civilisation. Opération survie déclenchée !
Alors on a sorti la voiture d’usage (celle qui n’a plus rien à perdre côté carrosserie) et on s’est préparé pour faire un kilomètre en 1/2 heure. Pendant deux jours on s’est tous tassés dans une pièce, près de la cheminée, on a parlé, on s’est rapprochés, on a passé des soirées mémorables. Et puis, deux jours plus tard, ce fut l’éblouissement : le soleil a fait son apparition, la neige a ralenti, le thermomètre est remonté.
Mission
de survie terminée : la civilisation renaîssait. Retour de l’électricité, de l’eau, des routes et… le fin des fins : retour de la télévision.
L’Amérique aurait-elle survécu plus longtemps sans les matchs de foot et les sorties au Burger ?
Après m’être sentie fière d’être américaine, je me sentais fière de ne pas l’être.
L’hiver ne fait que commencer ! Alors, à suivre…

Marie, Bolton, Connecticut
Décembre 96