Trois leçons de vie

Loreena, Athens, Tennessee, Une année scolaire aux USA

En image : Loreena et son équipe de rugby

L’impression du mois est exceptionnellement composée de trois témoignages… Tous trois évoquent la question de l’intégration, et de chacun nous pouvons tirer une petite leçon de vie.  

Leçon n°1
 : NE PAS AVOIR PEUR

Loreena, Athens, Tennessee
Une année scolaire aux USA

On a tous un million de raisons de partir.
Moi, je suis partie parce que je suis tombée amoureuse des États-Unis.
Voilà deux mois que je suis dans le Tennessee, et j’ai l’impression d’être là depuis toujours. Chaque jour je découvre de nouvelles choses: des mots, des amis, une famille, une façon de vivre, de m’amuser, d’étudier, de découvrir et de partager. J’ai vraiment plongé dans un autre univers.
Je vis à Athens, une petite ville dans le Tennessee. Les premiers jours ont été totalement dépaysants: l’accent du sud, les mots du sud…  Mon premier jour au lycée a été plutôt drôle… mon accent français les a marqués, il m’a beaucoup aidée à m’intégrer. Ici ils sont tous fous de la France, je me suis retrouvée bombardée de questions, parfois très étranges, parfois idiotes.
Je me suis inscrite dans le club de rugby du lycée et cela a beaucoup favorisé mon intégration. Mon équipe est maintenant ma troisième famille —une en France, et deux aux USA!—: quand je ne suis pas chez l’une, je suis chez l’autre.
Je suis vraiment contente d’avoir rencontré toutes ces personnes formidables : elles ont fait de mon quotidien un vrai bonheur. Je savais que cette année allait être incroyable, mais j’étais loin d’imaginer à quel point. Il ne faut pas avoir peur de l’aventure, ni peur de voyager, ni peur d’affronter des difficultés. Il y en a toujours, mais jamais elles ne sont insurmontables.

Leçon n°2 :
ASSUMER SES CHOIX

Mère de Thibaut — « Mère » d’accueil de Jack
Programme Départ 2013 — Programme Accueil 2013

En discutant avec Thibaut (mon fils qui est parti une année l’an dernier) et Jack (un jeune Irlandais, que nous avons accueilli quatre mois), je me suis rendue compte que le système scolaire français ne valorisait pas du tout l’enfant, qu’il ne jugeait l’élève qu’à partir de ses notes (uniquement sur des matières imposées) et qu’il ne laissait aucune place à l’artistique, à la créativité et à l’épanouissement personnel. J’ai réalisé que cela était très différent aux États Unis et en Irlande.
Je n’avais déjà pas une haute opinion de notre école, mais après cette double expérience, je suis carrément en révolte contre l’Éducation Nationale.
Avant même le départ de Thibaut, tous les professeurs nous ont dit que «c’était n’importe quoi de le faire partir avant son bac !». Pas un ne nous a encouragés, pas un ne nous a dit qu’un tel séjour «pourrait lui faire du bien et le faire mûrir». Première déconvenue…
Mais, on a tenu bon, et on assumé notre choix et notre décision.
Quand nous avons choisi d’accueillir, il a fallu trouver un lycée pour inscrire Jack. Seul le CPE du lycée Vauvenargues a été bienveillant. C’est le seul qui ait été enthousiaste: il a senti à ma voix que j’étais un peu désespérée et m’a assuré que Jack aurait sa place au lycée. Quand je vois la façon dont Thibaut a été accueilli aux USA, j’ai honte de la manière dont on reçoit parfois les étudiants étrangers en France. Deuxième déconvenue.
Ces 10 mois à l’étranger ont été très bénéfiques à Thibaut. À son retour, il a repris les cours, motivé, il est prêt aujourd’hui à passer son bac… et à l’obtenir brillamment. Son séjour n’a pas été rose tous les jours, loin de là…  ne serait-ce qu’au niveau climatique: il était dans le Michigan, où ils ont eu l’hiver le plus rigoureux depuis 25 ans et il a dû supporter des -30°C, plusieurs semaines de suite. Pour un méridional pur jus, ce fut très difficile. La période après Noël a été également très dure moralement. Mais il a résisté! Sa famille d’accueil est venue nous voir début septembre, c’était vraiment sympa de faire connaissance. Nous sommes aussi restés en contact avec Jack, qui nous donne de longues nouvelles épisodiquement. Ses parents nous ont invités en Irlande où nous irons certainement un jour.
Je retire quelques enseignements de ces séjours : il ne faut pas se contenter de donner leur chance qu’aux bons élèves. Vous avez su soutenir Thibaut — lui qui n’avait pas un dossier scolaire fantastique — et je vous en remercie. Même si c’est plus dur pour ces élèves de s’adapter —parce que leur niveau d’anglais est plus limité— ça ne fait rien… ils finissent, grâce aux équipes pédagogiques bienveillantes, par y arriver. Jack a été très choqué par certains comportements de certains professeurs français, notamment quand les notes étaient rendues. Il a trouvé la manière humiliante. Bien que lui-même ne soit pas concerné —puisqu’il avait des notes correctes—  il était extrêmement gêné quand les profs le prenaient en  exemple, «lui qui n’était pas Français… et qui y arrivait!». Cela l’a mis énormément mal à l’aise. Je pense qu’à l’inverse des Français qui partent à l’étranger, il vaut mieux que les étrangers aient un bon niveau en français quand ils arrivent ici, ou bien qu’on leur explique clairement notre système avant leur venue, faute de quoi cette expérience peut s’avérer traumatisante pour certains!
Oui, je tenterai à nouveau l’expérience de l’accueil, mais j’attends un peu que la crise d’ado de mon autre fils se tasse. Il y a des moments où c’est difficile à la maison et où l’on n’a pas envie qu’il y ait «un étranger» qui assiste à ça!
Quoiqu’il en soit, ce fut, dans un sens comme dans l’autre, une belle expérience. Merci encore à PIE et longue vie à l’association.

Leçon n°3 :
ÊTRE BIEN, LÀ OÙ L’ON EST

Annabelle, The Angle, Australian Capital Territory
Une année scolaire en Australie

Voilà presque quatre mois que mon voyage a commencé. Je ne peux pas y croire… ou peut-être que je ne veux pas y croire! Ça passe tellement vite.
Et pourtant la vie n’est pas toujours rose. Je fais partie de ces personnes qui ne parlent pas énormément et qui préfèrent écouter les autres. Alors, au début de cet échange, il n’a pas pas forcément été facile pour moi de m’intégrer. Mais les gens que je rencontre ici sont extraordinaires : ils m’ont présentée auprès de leurs amis et ceux-ci se sont avérés incroyablement gentils. Beaucoup de choses ici sont si différentes de la France: l’école, la culture, les habitants, les animaux, le paysage. J’ai eu la chance de tomber sur une «Host family» qui sait prendre soin de moi, qui est attentionnée. Les rires sont presque toujours au rendez-vous… et croyez-moi, c’est un point essentiel dans un échange à l’étranger.
Pour beaucoup l’Australie c’est la plage, le surf, les kangourous. Pour moi —qui suis à Canberra— l’Australie c’est plutôt des étendues, des champs, des wombats et des oiseaux. Chacun sa vie, chacun son point de vue…
En fait, l’Australie peut aussi être différente de l’Australie! Tout dépend de là où vous vivez.
Et dans ces échanges, je crois qu’il ne faut pas essayer de s’imaginer ailleurs que là où l’on est.
Là où vous êtes, il faut juste apprendre à avoir envie d’y être et d’y rester.

Annabelle et les autres étudiants d'échange lors d'une rencontre organisée par la coordinatrice

En image : Annabelle et les autres étudiants d’échange lors d’une rencontre organisée par la coordinatrice