
Philippe était un humaniste, il partageait les valeurs de PIE. Sa présence à marqué notre association.
Jeudi 30 mars, j’ai eu Philippe au téléphone, pour la dernière fois.
Il souffrait beaucoup – il est mort dans la nuit.
J’ai eu la chance de l’avoir à mes côtés pendant 20 ans.
Philippe avait un sens de l’amitié fort.
Il en parlait très bien. Je lui laisse donc la parole.
Laurent
UN JOURNALISTE : « Si jusqu’à ce jour, vous replaciez en perspective ce que vous avez vécu, qu’elle serait la pensée qui émergerait ? »
PHILIPPE
« La sincérité et la vérité des rapports humains sont apparentes lorsqu’elles sont mises à l’épreuve d’une crise. Ce peut être celle de la maladie, de l’infirmité. Mais il y en a d’autres… Qui plus est, et contrairement à une idée reçue, ce n’est pas une relation à sens unique qui irait du valide à la personne handicapée. Moi-même, avant de pénétrer dans le monde du handicap, j’avais une vie facile et des rapports superficiels avec les gens. Quand j’ai été atteint, j’ai découvert d’autant plus aisément que je pouvais me conduire différemment, que les autres étaient disponibles à des échanges vrais avec moi. En fait, j’ai rencontré très peu de gens hostiles ou désagréables, sinon par crainte ou par méconnaissance. Au contraire, j’ai bénéficié d’une somme inattendue de solidarités. Les gens ont tendance à croire que plus le handicap est grave, plus les relations sont difficiles. J’ai vécu l’inverse. Mes amis m’aiment profondément, pour moi, et, dépassant les limites de mon handicap, ils m’ont incité à des aventures que les gens « raisonnables » ne croyaient pas possibles. Il s’est créé entre nous une connivence si forte qu’elle rend plus facile la compréhension et le partage des souffrances et des joies »
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°34





