Hippolyte, Murrambateman, New South Wales
Une année scolaire en Australie
En image — Sweet Home, Murrambateman, Hippolyte
Ce qui fait 12 semaines que je vis un rêve! Que de trajet parcouru: 15 150 kilomètres pour être précis avec trois vols différents pour enfin arriver à destination! Je regarde en arrière, je repense à tous ces bons moments que j’ai passés et je réalise que ce n’est que le début et effectivement je comprends la chance que j’ai… que nous avons! Cette chance est due à de généreuses personnes qui sont prêtes à donner de leur temps pour nous (je pense à tous les bénévoles de PIE, mais aussi aux familles d’accueil et surtout aux représentants de chaque région (petite pensée à Pascale Albert et à tant d’autres). Les trois premiers mois sont durs, on ne peut pas le nier, mais ils faut savoir que l’on ressort plus fort de chaque épreuve. C’est ainsi, en travaillant sur soi avec le soutien d’une famille que nous pouvons avancer, ne pas nous arrêter à chaque obstacle! Pendant ces trois mois, j’ai dû écrire —en anglais, s’il vous plaît!— un rapport sur le nucléaire de mille deux cents mots, j’ai dû apprendre une pièce de théâtre et parler six minutes à l’oral devant toute une classe d’Australiens! Le tout en sachant qu’avant de partir ma moyenne générale en anglais était de 9 et que je ne savais dire que: «Hello, my name is Hippolyte, and I speak French.» Et le plus triste dans l’affaire, c’est que je ne faisais aucun effort pour progresser.
Lorsque vous voyagez, vos yeux s’ouvrent et vous changez votre regard sur le monde.
Voilà sûrement la chose la plus importante dans ce voyage que l’on engage. Car, si l’on m’avait demandé de faire tout ce travail trois mois auparavant, j’aurais probablement refusé et j’aurais rejeté votre offre d’une façon peu commode.
Et aujourd’hui, je l’ai fait ce travail, sans que rien ne m’y oblige, et ma récompense — mais elle n’est pas mince — à été d’être applaudi par toute la classe. Tous —et moi le premier— nous avons été impressionnés par les efforts que j’avais fournis!
Maintenant l’aventure continue pour moi.
J’espère qu’à votre tour je vous aurai fait rêver et que vous comprendrez l’importance de ces voyages et de cette organisation. Je vous le dis: le monde est rempli de personnes généreuses qui n’attendent que de vous ouvrir leurs bras!
L’ARRACHEMENT
Mère d’Anna (Arapahoe, Nebraska)
Programme scolaire 2×6 USA-Argentine
À vous parents, je voulais simplement et sans faux semblant témoigner de ce que je vis depuis ce jour de novembre 2014, où ma fille unique, en classe de seconde, m’a demandé de partir un an à l’étranger. Elle était très déterminée: six mois aux USA et six mois en Argentine. À ma première question: «Pourquoi ces deux destinations?», elle m’a simplement répondu: «Pour être bilingue, comme ça, ce sera fait, et comme ça, en rentrant je me consacrerai aux maths et à la physique.»
Si cela était aussi simple…
Il n’y a pas eu un jour, entre novembre et janvier (date de l’envoi du dossier) où le sujet n’a pas été évoqué. On était quatre à la maison : Anna, mon mari, moi et PIE. J’avoue avoir eu, tout de suite, un sentiment de fierté à l’idée que ma fille de quinze ans se sente capable de se lancer dans une telle aventure. Son père en revanche a eu besoin de temps, et Anna a dû faire preuve de détermination pour le convaincre.
Il y a eu plusieurs étapes. Après l’acceptation du dossier d’Anna par PIE, il y a eu l’annonce du projet et du départ à la famille et aux amis. Les réactions ont été diverses, mais l’incompréhension a été souvent de mise. Les questions n’étaient pas toutes aussi directes, mais toutes voulaient dire la même chose: «Comment peut-on envoyer son enfant aussi jeune, aussi loin, avec tout ce qui se passe dans le monde?»
Et puis, la fin avril est venue un soir, à table, le portable d’Anna a sonné, et là —je me souviendrai toujours de son regard— ma fille s’est levée; elle nous a dit : «C’est Pascale de PIE» (notre correspondante locale), et puis elle s’est éloignée dans une autre pièce pour vivre ce moment et cette conversation, seule. Je me doutais déjà qu’elle était prête, mais à cette attitude, j’en ai eu la certitude. Elle est revenue vers nous très émue pour nous annoncer qu’une famille américaine l’avait choisie. Le soir même, elle leur envoyait un mail.
C’était vraiment concret, Anna allait partir, elle avait une famille.
Ensuite, il y a eu le stage d’intégration en mai: un grand moment! Nous avons retrouvé notre fille qui faisait partie d’un clan: «Les Opossums Écarlates». Une solidarité est née, un compte de groupe privé sur Facebook a été constitué. Elle nous a parlé du «parler-vrai», de ce qui s’est dit. Les témoignages d’anciens du programme sur les difficultés rencontrées l’ont mise face à la réalité.
Juin, juillet et début août ont été festifs et émouvants, car il y a eu les «Au revoir» aux copains du lycée, à ceux de l’équitation, à la famille.
C’est cette période qui a été le plus difficile pour moi. On me décrit comme une femme positive et fonceuse, et pourtant des sensations physiques bizarres sont apparues, telle une impression d’oppression au niveau de la cage thoracique. Aux «Bonjours, comment ça va?», j’avais une folle envie de crier: «Non, ça ne va pas.» Et puis, il y a eu, au volant de la voiture, ces sanglots…
Qu’est-ce que mon corps voulait me dire?
Cela a duré jusqu’au 17 août, 8 heures. À l’aéroport Charles de Gaulle, on s’est pris dans les bras tous les trois (Anna, son père et moi). Moi, je me suis contenue, j’ai fait la forte… mais, c’est Nicolas qui a explosé en sanglots. Et là, j’ai entendu une petite voix toute gentille qui a dit: «Non, papa, pas toi», et l’on a pleuré tous les trois, tout en riant de se voir comme ça.
En quittant l’aéroport, j’ai tout de suite ressenti un soulagement, comme si l’on m’avait ôté un poids sur le cœur.
En fait, j’avais vécu un deuil. Je l’ai compris quelques jours plus tard : j’avais fait le deuil de l’enfance de mon BB. Mon corps faisait part à ma tête de maman (dite «moderne»), de la souffrance de laisser partir, loin, ce qui lui est le plus cher: son enfant.
Je suis fière d’avoir été suffisamment forte pour la laisser partir, car je sais au plus profond de moi que les voies de la facilité nous font vite oublier que c’est face à la difficulté que nous pouvons réellement progresser et, par conséquent, grandir. J’ai toujours su que ma fille avait (et a) la force nécessaire pour aborder cette séparation d’une façon positive.
Si vous aussi, vous le sentez, et que vous pouvez financièrement donner à votre enfant cette opportunité d’élargir son champ de vision, faites-le…
Voilà bientôt trois mois aujourd’hui que ma jolie princesse est partie… Elle a fait le bilan de son premier mois qui a été publié sur Trois Quatorze: l’impression du mois d’octobre : «Le temps d’apprendre».
Ce qui me manque le plus ? De la prendre dans mes bras et de sentir son odeur; mais je sais qu’elle vit cette expérience pleinement et cela m’apaise.
Je profite de ce petit témoignage pour souligner l’importance du rôle du délégué régional de PIE, merci Pascale Ponchel pour ton soutien et ta chaleur humaine. Et, bien sûr, merci à l’ensemble de l’équipe de Paris et d’Aix de nous dire les choses telles qu’elles sont. Et puis, merci à la famille Stephens d’accueillir bénévolement mon bijou et d’en prendre soin. Pour finir, merci à toi, ma chérie, d’être ce que tu es, et n’oublies pas: «Le chemin se fait en marchant.»