Envie

Quatre mois que je lis tous vos témoignages. Je pourrais les relire une centaine de fois et je crois que je ressentirais toujours la même chose : les mêmes frissons me parcourraient le corps. Je sais parfaitement que ce sont vos histoires personnelles, vos moments, vos souvenirs, votre vécu, mais dès que je vous lis, je m’imagine à votre place. J’aimerais tant vivre ce que vous avez vécu, je vous envie tous autant les uns que les autres. Vous ne pouvez pas imaginer. J’adorerais avoir, moi aussi, une deuxième famille, devenir « américaine d’adoption ». J’aimerais moi aussi pouvoir dire que j’y suis allée là-bas, que j’y ai vécu une année entière, que j’ai fait des rencontres formidables, que j’ai assisté au bal de fin d’année — comme dans les films — et que j’ai reçu mon dilôme ; j’aimerais moi aussi pouvoir décrire ma maison a m é r i c a i n e avec sa fameuse boîte aux lettres rouge et sa pelouse bien verte et bien tondue ; j’aimerais moi aussi dire que j’ai pris le « School Bus » jaune pour aller au lycée, que j’ai passé des aprèsmidi entiers avec mes copines pour trouver une robe pour le bal ; j’aimerais moi aussi rêver en américain, revenir en France et ne plus trouver mes mots pour parler, bafouiller en français, me reprendre, et rechercher mon ancien accent marseillais. Mais, malheureusement, dès que j’aborde le sujet avec mes parents, ils me disent : « C’est cher, et puis, tu te vois partir un an ? » Et moi, inlassablement, je leur réponds : « Ah oui, je me vois bien partir un an. » Des fois, je me demande si l’argent n’est pas un bon alibi pour refuser de me voir grandir, pour refuser d’admettre que je ne suis plus leur « petite fille », que j’ai grandi, que cette expérience me changerait, que j’en ai besoin, pour mon avenir, pour devenir, comme je le désire, professeur de français aux Etats-Unis pour pouvoir faire de ma vie un rêve, pour n’avoir rien à regretter, jamais et à aucun moment.

Célia – Future participante

Célia – Future participante