Le Japon, vrai ou faux !

Le Japon, destination phare de PIE —de par le nombre de participants au Départ et à l’Accueil — fait la une de ce numéro. 3.14 s’attaque ici aux clichés portant sur le pays, avec l’ambition de les dépasser et de parvenir à tracer une esquisse, sinon fidèle du moins ressemblante, de “La Terre où naît le soleil”.
Olivia (“spécialiste” Japon de l’association) et Mine (Franco-Japonaise) répondent à un VRAI-FAUX portant sur les 12 stéréotypes les plus répandus sur l’archipel et ses habitants. Leurs réponses sont commentées, en contrepoint, par deux participantes : Pauline (un an au Japon 2022-2023) et Sumire (Japonaise actuellement en France). Le tout se veut éclairant.

Les images ci-dessous ont été communiquées à 3.14 par Théo, Pierre, Pauline, Gaïa, participants au programme d’une année scolaire au Japon

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (1)

1°/ LES JAPONAIS S’INCLINENT POUR UN OUI OU POUR UN NON

  ❎ VRAI

La notion de politesse est primordiale au Japon. Le fait de s’incliner est une marque de respect, particulièrement codifiée. L’origine du geste a même un lien avec l’idée de soumission : s’incliner, c’est montrer sa nuque, se mettre en danger, se mettre donc « à la merci » de l’autre. Le degré d’inclinaison va dépendre de l’interlocuteur et du sujet. On ne s’incline pas de la même façon pour dire bonjour, pour saluer, remercier, s’excuser, etc. ; et on ne s’incline pas de la même façon si on s’adresse à un aîné, à un supérieur, à un ami, un parent… On accompagne souvent l’inclinaison d’une formule orale.
Traditionnellement on ne sert pas la main, mais les choses évoluent… même au Japon ! Ainsi aujourd’hui, entre copain, en général on ne s’incline pas, on ne se serre pas la main non plus, on se dit juste « coucou » ! Ce qui tient peut-être de l’idée reçue, c’est l’image du Japonais plié en deux ou qui s’incline plusieurs fois.
Pour un étranger, ce n’est pas toujours facile de se situer. Il faut observer, se donner un temps, imiter. C’est une question subtile que celle de l’inclinaison !

Commentaire de nos participantes
Sumire : « Oui, on ne peut pas le nier, on s’incline tout le temps ! Pour moi, c’est dur en France de ne pas le faire. C’est tellement une habitude ! » Pauline : « Mais, c’est vrai que la jeune génération le fait moins que l’ancienne. »

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (7)

2°/ LES JAPONAIS NE MANGENT QUE DU POISSON ET DU RIZ

  FAUX

Dire des Japonais qu’ils ne mangent que du poisson et du riz, ce serait comme affirmer que les Italiens ne mangent que des pâtes et des pizzas. Ils mangent du riz matin, midi et soir, c’est une évidence —et de la « soupe Miso »—, mais les nouilles (« Ramen ») qui viennent de Chine, sont également très populaires, et les œufs (au plat) tout autant. Quant à la nourriture carnée, elle est arrivée au Japon principalement après la seconde guerre mondiale, pour venir compléter la base traditionnelle : elle s’est répandue rapidement et les Japonais en sont aujourd’hui très friands. L’occidentalisation du Japon a beaucoup fait évoluer le repas traditionnel, en diversifiant les aliments et les apports. Aujourd’hui, il y a un côté tapas, avec des plateaux ou panier repas (dits « Bento ») très complets qui intègrent souvent, à côté du riz et du poisson, deux sources de protéines différentes (parfois deux viandes), des légumes, etc. Et la mondialisation a eu aussi l’effet inverse : le Japon a profondément bouleversé la cuisine internationale (les sushis et la soupe miso sont aujourd’hui invités à toutes les tables et, sans jeu de mots, « cuisinés à toutes les sauces »).

Commentaire de nos participantes
Sumire : « Ahah, quelle idée ! et vous en France vous ne mangez que du pain et du fromage ? » Pauline : « L’image que j’avais de la gastronomie japonaise était fausse. Ce qui m’a le plus surprise au japon, c’est justement la variété de la nourriture… et sa qualité aussi. C’est une nourriture particulièrement saine. On ne sait pas toujours ce qu’on a dans son assiette, mais c’est toujours bon ! »

3°/ LES JAPONAIS SONT TRES FROIDS

 ❎ VRAI

Les Japonais ne sont pas démonstratifs. Ils n’auront pas tendance à s’étendre sur leurs sentiments et vont tout de suite mettre une distance. La distance s’exprime à travers l’absence de contact physique : quand on se croise ou quand on se salue, on ne se touche pas (pas de « check », pas de « hug », pas de mains serrées). Il y a une forme de pudeur extrême, qui masque une volonté à la fois de ne pas se dévoiler (donc de cacher ce que l’on pense ou ressent) et aussi d’éviter le conflit (que créent inévitablement la proximité et/ou la promiscuité). C’est cette pudeur qui induit une certaine froideur. Mais tout cela est sans doute à nuancer pour les jeunes générations.
Et paradoxalement, la façon de parler des Japonais est très expressive : ils usent énormément d’onomatopées, lesquelles théâtralisent l’échange. Le sentiment passe par l’intonation, laquelle peut varier grandement pour la même interjection ! En fait, c’est un type de relation très différent de ce que l’on connaît en Occident. Pour le dire autrement, on peut avancer l’idée que, pour un Japonais, la distance physique n’est pas tant un signe de froideur que de respect. Ce serait par exemple une erreur, pour un étudiant étranger d’interpréter autrement un accueil un peu distant.
Pour autant, il est vrai que le pays, qui a un lourd passé isolationniste, entretient des rapports un peu compliqués avec l’étranger, en tant que concept et en tant que réalité. C’est ce qui explique qu’au Japon, l’étranger fait l’objet d’une attention toute particulière, faite de curiosité, d’attention, mais aussi de grande méfiance.
Le nationalisme —nourri par un sentiment de supériorité et d’unicité— combiné à la méfiance —née des attaques naturelles et des invasions— peut même engendrer une certaine forme de racisme. Là on dépasse la notion de froideur.

Commentaire de nos participantes
Pauline : « Je serai plus nuancée. Froideur n’est pas le mot qui convient. Personnellement, je parlerai plutôt de distance et de retenue. Car s’il n’y a pas de contact physique, de câlins et autres, il y a néanmoins une forme de gentillesse qui traduit une forme de chaleur. » Sumire : « On est plus timide au Japon. Trop timide. Et c’est vrai aussi qu’on ne va pas facilement vers les étrangers ! »

4°/ LA LANGUE JAPONAISE EST PARTICULIEREMENT DIFFICILE A APPRENDRE

  VRAI & FAUX

C’est faux, parce que grammaticalement la langue est plutôt simple (pas d’articles, pas de genre, pas de nombre, pas de conjugaison liée à la personne, un seul présent et un seul passé) ; parce qu’elle recèle de vraies facilités au niveau de l’expression orale (pas de tons et pas de diphtongues) et parce qu’il y a beaucoup d’emprunts à l’anglais au niveau du vocabulaire. En cela, à l’oral, le japonais est beaucoup plus abordable que le chinois (mandarin).
C’est vrai, en revanche, pour ce qui est de la langue écrite. De ce côté-là, en effet, c’est une autre paire de manches. Il y a trois types de caractères : les hiraganas, les katakanas et les kanjis. Les hiraganas (terminaisons et particules) et les katakanas (mots étrangers et onomatopées) sont des symboles phonétiques ; chacun représente une syllabe ; il y a 40 signes et 60 variantes environ dans chaque alphabet (donc plus de 200 au total). Les kanjis sont des idéogrammes qui ont chacun leur sens propre. Ils s’utilisent seuls (comme concept) ou combinés (ex : le kanji « Voiture » si on le combine au anji « eau » et au kanji « électricité », veut dire : « Train »). Il y a plus de 2 000 à 3 000 kanjis de base ! Écrire, c’est maîtriser tout ce beau monde : c’est donc pour le moins complexe et cela explique que l’apprentissage de l’écrit occupe une bonne partie de la formation d’un jeune Japonais. Pour un étranger, écrire est donc particulièrement ardu. Avant de partir une année au lycée, il est préférable —pour « survivre »— de connaître les hiraganas et les katakanas. Ceci dit, les textos sont d’une grande aide aujourd’hui, car ils traduisent les signes et les mots directement en Kanjis !

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (6)

Commentaire de nos participantes
Pauline : « Pour ma part, je dirai que même l’oral est compliqué pour nous Français. Côté compréhension ça va, mais côté expression, ce n’est pas si simple ! Bien que tous les sons de la langue japonaise soient facilement prononçables par un Français. »
Sumire : « Le Français est très difficile… mais c’est vrai que lire le Japonais est plus difficile encore ! »

5°/ LES JAPONAIS SONT TRES RIGIDES

  VRAI & FAUX

Il y a une expression japonaise qui dit « Il faut écraser le clou qui ressort ». Les Japonais qui ont conscience de faire partie d’un tout ne souhaitent pas se faire remarquer individuellement. Au Japon, le collectif l’emporte sur l’individu : être unique, sortir du rang, peut être mal vu. S’ensuit un principe de base : la règle est la règle. Nul ne doit la transgresser. Dans la mesure où les règles créent le ciment —donc le liant— on se doit de le respecter. La civilité fait l’unité : c’est vrai en famille, à l’école, dans les transports, etc. Dans le métro, par exemple, si vous mangez, si vous téléphonez, si vous ne vous levez pas pour faire place à une personne âgée, vous serez très mal vu. De même, les rituels liés au repas sont très importants.
Le cas de l’école est intéressant : le respect de la hiérarchie (prof/élève) y est primordial, mais les relations entre profs et élèves sont beaucoup plus détendues et simples qu’elles ne le sont en France. On parlera donc plutôt d’une rigidité de façade (qui consiste à ne pas transiger avec la règle) que de caractère.
Si on pousse l’idée, on dira que la rigidité japonaise tient plus de l’abnégation que de l’entêtement. Elle apparaît alors moins rigide. Mais pour nous Français, tout cela nous paraît étrange et lointain.

Commentaire de nos participantes
Pauline : « Là encore je nuance : selon moi, les Japonais ne sont pas plus rigides ; ils sont plus disciplinés. La règle est la règle au Japon ! » Sumire : « Oulala, c’est sûr, on est beaucoup plus stricts au Japon !  En France, est ce que vous respectez les règles ? (Rires)… ah non, pas du tout. Jamais de la vie ! »

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (9)À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (3)

6°/ LES LYCEENS JAPONAIS  TRAVAILLENT A OUTRANCE

VRAI

Les journées sont assez chargées pour un lycéen ; et beaucoup de lycéens suivent des cours du soir… parfois jusqu’à 21 heures ! Alors ils sont très fatigués et dorment pendant les cours. Il leur faut donc rattraper les heures, en suivant d’autres cours du soir, etc. Notre serpent se mord la queue.
L’image un peu caricaturale du Japonais qui abat un travail de « fourmi », qui fait des heures de présence, et qui ne déconnecte jamais n’est pas fausse. On caricature, mais on n’est pas loin de la réalité… surtout pour les adultes ! Â côté de cela, au lycée, comme les cours finissent plus tôt qu’en France (vers 15h00), les lycéens ont le temps de sociabiliser, de pratiquer des activités culturelles et sportives, de traîner dans les centres commerciaux ou aux « Game Centers ». On nuancera donc un peu la réponse.

Commentaire de nos participantes
Sumire : « Au Japon, je suis dans une école. Tout est très souple. Donc c’est un cas particulier. Ce qui  est sûr c’est qu’en France les journées sont très longues. Vraiment beaucoup trop longues ! » Pauline : « Les élèves japonais ont moins d’heures de cours que les Français —ils finissent plus tôt— mais je trouve qu’ils travaillent plus, parce qu’ils ont plus d’activités de toutes sortes dans la journée ! »

 

7°/ LES JAPONAIS NE RIGOLENT PAS AVEC L’HYGIENE ET LA PROPRETE

VRAI

Nous sommes aux antipodes de la France. Il n’y a pas de déchets par terre ; pas de gens qui crachent dans la rue ; quand on rentre dans une maison, un temple, une école, on ôte ses chaussures ou on enfile des “slippers” ; on se douche ou on se baigne tous les jours ; on porte des masques dès qu’on est malade, etc.
Il faut savoir qu’au Japon dès la section primaire, les élèves apprennent à entretenir leurs salles de classes et leurs écoles.
Il se dit que les tâches quotidiennes, comme le nettoyage et la cuisine, sont considérées dans la version Zen du Boudhisme comme des exercices spirituels, au même titre que la méditation. Ceci explique peut-être cela ! (voir à ce sujet Perfect days, de Wim Winders).

Commentaire de nos participantes
Pauline : « Sur ce point, il n’y a pas de débat : c’est 100% vrai. Là encore, cela a sans doute quelque chose à voir avec la discipline. L’hygiène et la routine, ça va ensemble.  Le truc qui m’a étonnée c’est le fait qu’on prennent tous le bain dans la même eau. Mais on s’habitue ! »
Sumire : (sans hésiter) « Les Français se lavent moins… mais le climat est plus humide au japon , c’est vrai. Et vous avez les crottes de chien dans la rue ! »

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (9)8°/ LES JAPONAIS SONT PARTICULIEREMENT ATTACHES AU BEAU

VRAI

 « Beau » et « Propre » sont, en japonais, un seul et même mot. Cela en dit long sur le rapport des Japonais à l’esthétisme, et nous permet d’affirmer que ce que nous avons vu en 7 est valable en 8. Ce qui est sûr, c’est que l’élégance est reine au Japon. Tout est pensé, travaillé au regard d’un certain esthétisme.
Le concept du Hanani est là pour le prouver. Il s’agit d’un moment réservé et dédié pour aller pique-niquer en contemplant les fleurs de cerisier. Pourquoi ? Parce que c’est beau. Hanami (littéralement « voir les fleurs ») est une pratique tellement japonaise ! Tsukimi (« voir la lune ») relève du même principe. Les Japonais sont des contemplatifs qui ont une relation particulière à l’architecture, la peinture, le dessin, les mangas, le cinéma.
Nous même, en tant qu’occidentaux, sommes imprégnés par l’art japonais, par la plastique en général, l’architecture et le dessin en particulier, par une certaine épure, symbolisée notamment par la ligne claire.

Commentaire de nos participantes
Pauline : « Je n’ai pas trop réfléchi à la question, mais ce qui est sûr c’est que le pays est très beau, la nature, l’architecture… Il y a un principe fondamental au Japon, qui consiste à bien faire les choses, à les soigner ! Il faut s’appliquer. Et je me demande si cela n’a pas un rapport avec ce que vous appelez le beau. Exemple : quand les Japonais s’habillent, les gens soignent le détail, et forcément ça les rend plus beaux. » Sumire : « Oui les Japonais sont plus concernés par l ‘esthétisme. Ils sont plus concernés par cette question, c’est certain. »

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (4)

9°/ LE JAPON EST  TRES « SAFE »

  VRAI & FAUX

 On dit des Japonais qu’ils n’ont pas de coffre-fort, car ces derniers sont menacés d’être emportés par les flots !
La nature, là-bas, est particulièrement menaçante et dangereuse. Le pays tremble sans cesse sur ses bases. Il tremble de façon répétée et spectaculaire. Il tremble à l’excès : sur l’échelle de Richter, le Japon est à n’en pas douter, le plus mal loti au monde ; et les typhons et autres tsunamis le ravagent régulièrement.
Mais c’est au Japon que l’homme est le moins dangereux pour l’homme. En termes de criminalité, d’agression, d’incivilité, c’est un pays statistiquement irréprochable et qui se présente comme un des plus sûrs de la planète : dans les villes ou les campagnes, on peut a priori se promener sans risque, à toute heure du jour et de la nuit, et en toute circonstance. Certains vont jusqu’à prétendre qu’au Japon, les policiers ne sont là que pour indiquer la direction.
Au niveau santé, le pays est tout aussi remarquable.
Pour exprimer ce paradoxe « VRAI-FAUX », on retiendra deux chiffres. Ce sont les Japonais (femmes et hommes confondus) qui avec une moyenne de 84,6 années par habitant détiennent le record en termes d’espérance de vie ! En revanche, le Japon, en tant que terre, est le pays le plus menacé au monde : on estime que l’archipel, qui a surgi des eaux il y a moins de 15 millions d’années (ce qui est très peu), pourrait être englouti à tout moment. Et que d’ores et déjà, c’est bien le vieillissement de sa population qui fait peser sur l’Île-nation, le risque principal de disparition.

Commentaire de nos participantes
Pauline : « Là je suis plus radicale : le Japon est à l’évidence beaucoup plus “safe”. Même du côté de la nature, car les tremblements de terre et les typhons sont pris en compte. Tout est prévu, préparé. Au niveau de la sécurité, on se sent beaucoup plus tranquille là-bas ; c’est encore plus vrai pour les femmes. Après, en tant que “blonde” et “occidentale”, il m’est arrivé d’être repérée. Je me souviens de grand-mères japonaises un peu agressives parce que, moi, petite occidentale ne parlant pas japonais, je portais un uniforme ! »

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (7)10°/ LES JAPONAIS SONT TRES CONSERVATEURS

 ❎ ❌ VRAI & FAUX

Le culte des Japonais pour le passé, les ancêtres et les traditions entretient à l’évidence le mythe d’un Japon ultra-conservateur. Les révolutions au Japon sont le fruit des invasions ou des influences extérieures, l’esprit d’insularité entretenant le goût pour la préservation d’un espace clos, à l’abri de toutes les variations et de toutes les menaces du monde.
Mais à l’opposé —et même si cela est un peu moins vrai aujourd’hui qu’il y a 20 ans—, le japon symbolise la technologie de pointe, la haute performance, le monde en perpétuelle recherche et en profonde mutation (notamment dans son rapport aux images et aux écrans)… en un mot : l’innovation ! C’est ainsi que le Japon a, depuis la fin de la guerre, abrité ou vu naître des artistes underground et/ou particulièrement provocants et déstabilisants (Mishima, Oshima, Terayama) ou des contre-cultures puissantes qui ont fini par transcender les frontières pour devenir populaires (danse Buto, Fantasy, mangas et culture Kawaï) au point parfois d’être franchisées (super Mario, Pokemons, etc.). Les Japonais sont donc des conservateurs-innovateurs.

Commentaire de nos participantes
Pauline : « J’habitais Tokyo, qui n’est pas à proprement parler une ville conservatrice. Mon lycée par contre était très conservateur. Même l’accueil des étrangers —qui pourrait passer pour une forme d’ouverture d’esprit— y est plus conçu comme une façon de montrer au monde extérieur la force de la discipline japonaise qu’autre chose. Ça dépend donc des régions et des contextes. » Sumire : « Mon lycée est très ouvert et très progressiste, mais dans l’ensemble, je dirai que les anciens sont très traditionalistes et que les jeunes le sont moins. »

À propos des clichés sur le Japon - Une année scolaire au Japon avec PIE (9)

11°/ LES ADOS JAPONAIS S’HABILLENT COMME DANS LES MANGAS

FAUX

 Le fait que l’uniforme soit de mise à l’école donne aux élèves japonais une vague apparence de personnages de mangas. Mais, pour autant, parce qu’ils ont rarement les cheveux décolorés, peu de piercing et de maquillage, et encore moins de bijoux (tout cela est interdit !), les lycéens ne se comportent ni ne s’expriment comme les héros de leurs bandes dessinées préférées ! Et pourtant… ils en rêvent !
Quand la société japonaise invite les ados japonais à la retenue et à la pudeur —tant dans leur tenue que dans l’expression de leurs sentiments— le manga fait tout l’inverse : il est donc assez logique que les lycéens soient particulièrement attirés par l’expressivité intense, voire l’outrance, véhiculées par l’univers manga. La théâtralité des personnages, le rythme de la narration et des dialogues, l’occidentalisation des visages permettent en effet aux jeunes d’échapper au réel et à leur condition.
Mais dans la vie de tous les jours, les jeunes Japonais, à l’instar des adultes, restent globalement très sobres. On notera qu’Uniqlo, la marque vestimentaire n°1 du pays, ­ne se distingue en effet ni par son extravagance ni par sa fantaisie.
Il reste vrai néanmoins qu’en fonction des milieux, des circonstances, des lieux, on peut croiser des jeunes Japonais qui semblent être sortis tout droit d’un manga.

Commentaire de nos participantes
Sumire : « Non pas du tout. C’est un pur cliché. » Pauline : « Un cliché qui les agace, car c’est la référence ultime des occidentaux. D’autant qu’ils ne sont pas du tout consommateurs des mêmes mangas… et que le manga véhicule une image justement très occidentalisée du Japonais. » Pauline & Sumire : « Le manga fait partie de la culture japonaise, mais l’équation Japon=manga est simplement très réductrice. »

12°/ LE JAPON EST UN « MONDE A PART »

VRAI

 S’il est vrai que la fiction dépeint le plus souvent un Japon très différent de celui que l’on découvre en pénétrant en son cœur, il n’en reste pas moins vrai que ce pays reste, pour nous Français, profondément exotique, tant les Japonais ont une façon de penser, de se comporter, une façon de vivre et de s’exprimer, une façon d’être (tout court) aux antipodes des nôtres. C’est pourquoi nombre de voyageurs occidentaux et nombre de héros de fictions semblent avoir perdu leurs repères en débarquant sur l’archipel. Et, au vu de tout ce qui a été dit précédemment, on ne peut que le comprendre ! (voir Lost in Translation, de Sofia Coppola).
Si l’on jette un œil sur la liste des nations proposées par PIE aux adolescents, il semble bien que le Japon soit LA plus dépaysante des destinations. Loin, sans doute, devant les autres !
Et c’est justement cette particularité qui attire les adolescents un peu décalés, les jeunes en mal de rupture, les élèves en recherche de dissonance, ou tout simplement… curieux !
L’adaptation au Japon est-elle pour autant plus difficile ? Pas nécessairement, car en intégrant la société japonaise, on s’attend tellement à subir un choc culturel qu’on le subit ou le ressent finalement peut-être moins qu’aux États-Unis, pays qu’on croit connaître et qui toujours nous surprend.

Commentaire de nos participantes
Pauline : « En Europe, les différents pays se ressemblent et se confondent sur bien des points. Alors qu’il n’y que la Corée qui culturellement ressemble un peu au Japon. Le Japon reste vraiment unique et donc exotique. » Sumire : « Oui, je crois que nous sommes un pays à part. »

À propos des clichés sur le Japon - Pauline, une année scolaire au Japon avec PIE (5)