Atterrissage et réalité

Floriane avait mûrement réfléchi avant de se décider à partir pour toute une année. Mais la dure réalité l’a rattrapée. Récit de dix minutes de panique et regard lucide sur les difficultés de l’adaptation.

Floriane, Owasso, Oklahoma
Une année scolaire aux États-Unis

Partir seule et pour une année à l'étragner avec PIELa décision de venir ici a été longuement et mûrement pensée. Mais ma vie en Amérique, le déroulement de mon année, j’ai tout simplement voulu les ignorer. Je ne voulais pas y penser. Je m’étais dit : « On verra en temps voulu. »

Quelle idée j’ai eue, il y a un an, de téléphoner à PIE ? Pourquoi diable n’ai-je pas raccroché, au lieu d’écouter le discours et les arguments de mon délégué ?

Et le temps est venu. Maintenant il faut gérer ; sans les parents, avec les charges (je parle du budget), sans les amis et sans ma langue ! J’ai besoin pourtant de m’exprimer, de confier mes secrets. Dès l’arrivée, cela a été très dur : paumée à la porte d’embarquement, paumée dans un immense aéroport, paumée quand un Américain m’a adressé la parole ; seule (avec mes 60 kilos de bagages à me trimbaler), pleurant comme une madeleine, triste, déboussolée, fatiguée (par le décalage, le voyage, les folles nuits du stage). « Qu’est-ce que tu fous là ? Comment donc t’est venue cette idée de partir ? » Voilà les questions que je me suis posées. Alors j’ai voulu refaire le chemin en sens inverse, effacer le passé récent, effacer ma décision :  “Quelle idée j’ai eue, il y a un an, de téléphoner à PIE ? Pourquoi diable n’ai-je pas raccroché (au lieu d’écouter le discours et les arguments de mon délégué) ?” Et j’ai aussi pensé à l’avenir ; au 14 juin. Je me suis fixé cette date de retour comme objectif. Qu’elle vienne vite.

Partir est une chance ; c’est sûrement le bon chemin pour devenir adulte, mais il ne faut pas se faire d’illusions : cela n’est pas facile. Parfois on est incompris, souvent on tergiverse, presque toujours on est seul.

Heureusement, le moment que je décris n’a duré que 10 minutes. Mais, qu’elles furent longues et qu’elles furent dures ces 10 minutes. Partir est une chance ; c’est sûrement le bon chemin pour devenir adulte, mais il ne faut pas se faire d’illusions : cela n’est pas facile. Parfois on est incompris, souvent on tergiverse, presque toujours on est seul.

Je ne sais pas si vous allez publier cette lettre car cela n’est pas très joyeux pour les futurs participants, mais c’est ma réalité. Et puis la prochaine fois, c’est promis, j’essaierai de faire plus gai !

En image : Lorette, Oxford, Massachusetts