Mère d’Yvain Masson, Un An en Afrique du Sud

Voir son fils partir vivre dans une famille métisse, anglophone, à l’autre bout de la terre, n’est pas une expérience anodine.
J’avais tout entendu sur l’Afrique du Sud : la haine raciale, la violence exacerbée, les recommandations du ministère de l’intérieur d’éviter le pays’ ! j’ai donc mis un certain temps à me détendre. Chaque coup de fil me semblait susceptible d’apporter une mauvaise nouvelle. Mais les semaines passent et Yvain est toujours là-bas, content, bronzé, de plus en plus anglophone. Il vit exclusivement dans un milieu noir, anglophone, il n’a pas le droit de sortir seul (pour sortir un blanc doit toujours être sous la « protection » d’un métis), il partage sa chambre avec un jeune de quatorze ans fan de rap (le rap n’est pas sa tasse de thé), ses sorties se limitent à la famille et aux voisins (ce n’est pas son « sport » favori, en France)’ Mais Yvain ne se plaint de rien. Je crois qu’il a décidé de tout accepter, en bloc. Je me dis que j’ai un gamin formidable. Il faut dire que sa famille d’accueil est formidable aussi. Après des siècles d’esclavage, des décennies d’« apartheid », le fait qu’une famille noire accueille un blanc bénévolement et chaleureusement me touche profondément. Que le jeune Mark accepte de partager ses quelques mètres carrés, et ce, pour un an, me paraît extraordinaire ! Et qu’Abigaël, la s’ur d’accueil, qui a en charge le ménage, ne trouve pas excessif d’avoir un hôte de plus’ !
Yvain fait partie de la famille, point final.
Au lycée, il a été bien accueilli. L’association locale l’a invité à un safari dans le Kruger Park. Là, il revient juste d’un voyage de trois semaines en Namibie, Botswana et Zimbabwe.
Cette expérience est unique, à tous points de vue ! Quant à moi, je me console en vivant au rythme de l’Afrique. Du moins, une Afrique que je me construis : j’invite des amis à des repas africains, je dévore la littérature africaine (je fais même travailler Brink à mes élèves), j’offre des C.D. de Myriam Makelo, Jonnhy Clegg ou Adbullah Ibrahim’
Et à Noël, même mon sapin avait des allures exotiques.

Mère d’Yvain Masson / Un an en Afrique du Sud