So big so fast

Il y a 26 jours, j’étais dans la salle d’embarquement, au milieu d’un groupe de copains, rencontrés deux jours plus tôt pendant le stage. Nous reprenions une dernière fois la chanson de la promo avant de nous diriger vers nos destinations respectives ! Moi, j’avais appris récemment les coordonnées de ma nouvelle famille. Je ne connaissais pas la profession des parents ; que peuvent-ils bien faire? J’avais un petit frère de 3 ans ; est-il gentil ? Il y avait un gros chien ; gros-petit ou gros-gros ? Au départ, j’étais déjà inquiète, mais en marchant vers la porte d’embarquement, j’ai ressenti l’inquiétude encore plus vivement. Bon j’y vais ou j’y vais ? Should I stay or should I go ? On y va tous… Alors je fais comme les autres. Au moment de décoller, je me suis dit : «Qu’est-ce-que tu fais là ? » Ils avaient l’air tellement sereins les autres, et moi, j’étais là, à me demander comment diable j’allais pourvoir tenir le coup ! J’avais les larmes qui montaient, la gorge qui se serrait… mais en regardant bien à droite et à gauche, je me suis aperçue que je n’étais pas la seule. J’ai compris que chacun à sa façon entamait un nouveau chapitre de son existence. Deuxième avion : nous ne sommes plus que trois. Les émotions se mélangent : anxiété, stress, impatience. Quand on arrive à Ottaw a, on s’échange un dernier regard ; aucune parole, le vide, juste le vide. Et cete question encore : « Mais qu’estce que je fais là? »

L’accueil est super. L’excitation prend le pas sur la fatigue et sur le stress. Kevan, le père d’accueil est là avec un bouquet de fleurs du jardin, que sa femme a cueilli pour moi, et une pancarte coloriée par le petit frère, avec mon prénom et mon nom. Aux deux autres participants, je glisse un dernier : «Au revoir et bon courage » et je file vers la vie nouvelle. On arrive enfin : quartier typiquement canadien, maison avec petit jardin, chien gros-moyen. Le chien est suivi d’un petit bonhomme blond, haut comme trois pommes qui me prend par la main et s’en va nous faire visiter sa maison. C’est mon frère… pour dix mois ! Une semaine plus tard je me sens chez moi ; mon petit frère a découpé ma photo dans mon dossier pour la coller tout en haut de son arbre généalogique ;le soir avant de se coucher, il m’inclut dans ses prières. À l’école, je ne suis pas au bout de mes découvertes et de mes surprises. La semaine dernière ce fut «Spirit week ». Tous les jours, je découvre quelque chose. Hier, une grande parade dans la ville sur des trucks aux couleurs de l’école, suivie d’un match de football. Je me suis surprise à encourager nos couleurs et à fêter notre victoire. Je découvre petit à petit que nous sommes tous les mêmes adolescents, à des milliers de kilomètres les uns des autres. Moi, je n’en suis qu’au tout début de mon expérience, mais j’en ai déjà tellement vu.

Coline, Arnprior, Ontario
Un an au Canada