À l’aéroport —une fois que je me suis retrouvée seule— j’ai réalisé que ma vie tenait dans deux valises pleines à craquer. De grandes pensées m’ont alors traversé l’esprit: comme quoi j’étais grande, presque adulte… et comme quoi désormais, il me faudrait tout faire «By myself». C’était grisant, tout d’un coup, cette impression de liberté : de la liberté qui débordait de partout, de la liberté à ne plus savoir qu’en faire. En théorie c’était très bien, mais dans les faits je n’ai pas tardé à trouver ça un peu déstabilisant.
Je me suis vite rendu compte que mes parents avaient toujours été, pour moi, ceux qui savaient tout, qui géraient tout, ceux qui prenaient les choses en main à ma place, ceux vers qui je me tournais quand je rencontrais une difficulté.
Oui c’est à l’aéroport, dès que j’ai quitté mes parents, que j’ai réalisé tout ça. Ils n’étaient plus là. Je devais me débrouiller seule à présent. J’ai compris ça quand le douanier m’a posé une question… Je n’ai rien compris à ce qu’il voulait et j’ai réalisé que d’ordinaire, je me serais retournée vers mes parents pour les appeler à l’aide et pour qu’ils répondent à ma place. Et là, je ne pouvais pas!
On a beau partager notre expérience avec un nombre infini de personnes, on finit tôt ou tard par découvrir et par appréhender cette vérité essentielle: les plus grandes découvertes et les plus grands changements, on les réalise seul.
ROMANE
Opunake — Une année en Nouvelle-Zélande