Depuis près de 30 ans, de jeunes lycéens s’engagent dans ce projet exotique et fascinant proposé par PIE : partir vivre une année scolaire dans un pays étranger. Bien souvent, le monde s’oppose à leur départ. Parents, amis, école, peur de l’avenir, perte du confort, insécurité… Nombreux sont les obstacles au grand départ. Mais, quelles que soient les circonstances (hier l’Amérique conservatrice, aujourd’hui l’économie en crise, et demain comme hier, le monde incertain), des jeunes résistent et leur détermination l’emporte. Contre vents et marées, et souvent pour leur plus grand bien, ils sont nombreux à dire : “ Demain, je partirai. ” Ces deux “ Lettres ouvertes à celui ou celle qui ne voulait pas que je parte ” sont là pour témoigner de cette persévérance.
Lettre ouverte à celui qui ne voulait pas que je parte
Mon Papa, tu ne voulais pas que je parte… et pourtant j’y vais ! Depuis trois ans, tu t’y opposais. Tu connaissais mon envie profonde de tout quitter, de tout recommencer. J’ai essayé pendant trois ans de t’expliquer. Nous avons eu de longues discussions. Tu disais toujours « Non ». J’ai versé des larmes, tu t’en souviens ; ça ne servait à rien. Tu voulais que j’aie 18 ans, tu voulais que j’aie mon bac. Dans ces conditions c’était impossible. Je savais que je ne réaliserais jamais mon rêve. « Partir » m’était interdit. C’était il y a trois ans. Lorsque je t’ai montré la brochure, joyeuse et enthousiaste, je t’ai dit : « Je veux faire ça. » Ce n’était pas un « Je veux » d’enfant gâté, un caprice, c’était un « Je veux » mûri, c’était une chose vitale pour moi. Un jour tu en as eu assez, tu as décrété que le sujet était clos. En m’empêchant d’en parler, tu pensais sans doute que l’envie me passerait. J’ai bien essayé d’y penser moins ! J’y suis presque parvenue. Presque ! Mais Trois Quatorze continuait d’arriver à la maison — sans que tu le saches. Chaque numéro, chaque lettre me rendait triste. Je lisais. D’autres jeunes partaient, moi je restais. Je pleurais dans mon lit, avec le journal à mes côtés. Aujourd’hui, je vole vers Chicago, vers mon rêve. Car tu as fini par me dire : « Oui. » Il y a 10 mois exactement. Un matin en allant au lycée, j’ai compris que ma place était vraiment de l’autre côté de l’Atlantique. Le soir, j’ai passé des heures sur le site web : je crois que j’ai tout lu, je n’ai pas détaché mes yeux. J’étais en larmes. C’est comme ça que tu m’as trouvée. Tu ne comprenais pas ce qui pouvait me mettre dans un tel état, ce qui pouvait à ce point m’attrister. Tu ne t’es pas énervé. Tu m’as juste écoutée. Tu as voulu comprendre le pourquoi du comment. Peu de temps après tu as dit : « Oui. » Comme quoi il ne faut jamais abandonner. Je ne trouverai jamais les mots pour te remercier, pour te dire à quel point tu m’as comblée. J’ai un but dans la vie : montrer que je peux faire quelque chose d’extraordinaire, de différent. Je sais que cette décision t’as coûté, que toi et maman vous avez eu de la peine. Mais, sachez-le, vous m’avez permis de me réaliser. Je ne commence pas un nouveau livre, je tourne simplement une page, j’entame un nouveau chapitre. Je n’ai pas assez de mots pour vous dire merci… mais merci infiniment. Je t’aime. Je vous aime. À bientôt.
Amandine, un an aux USA
Lettre ouverte à celle qui ne voulait pas que je parte
Tu as tout fait pour m’empêcher de partir. Tu m’as vraiment tourmentée. Tu as voulu m’atteindre par les sentiments, mais tu n’as pas réussi à me toucher au coeur. Tu as embrouillé mes pensées, mais tu n’as pas réussi à me brouiller le cerveau. Tu m’as torturée, doucement ; tu étais persuadée de m’avoir fait fléchir. J’ai résisté, j’ai été plus forte que toi. Angoisse, chère Angoisse, je t’ai vaincue.
Amina, un an aux USA