Sur les traces d’une année pas comme les autres

5 ANS PLUS TARD…
Manon, Minot, Maine
Une année scolaire aux USA en 2012

Stadium de Poland Regional High School - PIE High SchoolEn images – Ci-dessus : stade de “Poland Regional High School”, Manon et son frère d’accueil / Ci-dessous : Arthur et Manon 

En juin 2013, tout était terminé : High School, American Football, Prom, Graduation… j’avais vécu tout ça. Il ne me restait plus qu’à rentrer en France. En juin 2018, je posais à nouveau le pied dans cet état qui a bouleversé ma vie : le Maine.

J’y suis retournée.

Je voulais faire découvrir ce bout de vie à Arthur, mon copain, et le re-vivre un peu aussi. Armée de mes Carambars au caramel, je suis partie re-conquérir ce petit État du Nord-Est des États-Unis, qui lui, m’avait conquise, six ans auparavant.

Il m’a conquise dès le premier matin, dans le fameux bus jaune, sur la route de la High School, par un lever de soleil sur le lac, orné des couleurs de l’Indian Summer.

Un lever de soleil sur une année pleine de couleurs.

Je fais partie de ces gens qui, lorsqu’ils lisent le magazine Trois Quatorze, ont les larmes aux yeux, la tête remplie de souvenirs. Alors imaginez mon état lorsque j’ai poussé de nouveau les portes de ma “High School”. C’était fort, comme une avalanche d’émotions qui frappe en plein cœur. C’était magique.

Je disposais de dix jours. Dix jours pour faire vivre et tenter de faire comprendre ce qu’avait été, et ce qu’est aujourd’hui, pour moi, le Maine. Nous avons été logés dans ma famille d’accueil, dans la même maison, dans la même chambre que celle que j’avais occupée six ans auparavant. Tout avait changé et pourtant tout était identique.

Ce qui m’a frappée et m’a fait dire que j’étais toujours chez moi dans cette maison, c’est l’odeur. Cette maison avait gardé la sienne. L’odeur du Maine, de la neige et du poêle en hiver, de la forêt vivante en été. Une odeur qui me rappelait les soirées devant la télé avec les chats qui chahutaient, qui me rappelait “Halloween” —allez savoir pourquoi ?— ou encore les parties de billard avec mon frère d’accueil, Colby, quand nous ne nous disputions pas. Une odeur indescriptible, brûlante de souvenirs.

Les années passent, les souvenirs et les odeurs restent.

Nous avions dix jours. Il a fallu faire vite. Mais, faire vivre pleinement «l’aventure USA» à Arthur, pour moi, c’était lui faire connaître mes «petits instants», mes petits endroits. Alors nous sommes allés à “Walmart”, au “Mall”, à “Buffalo Wild Wing”. Nous avons fait des randonnées et des feux de camps avec ma famille et mes amis. Nous avons mangé des “Woopie Pies”, des “Reese’s” et du Homard. Puis, comme une sensation de déjà vu, nous avons déambulé dans l’école à la recherche de fantômes, qui sont apparus comme par magie, m’emmenant à l’époque des “Class”, des “Cross Country”, du “Basketball”, des “Cheerleaders” et autres scènes de films. Nous avons revu certains de mes professeurs. Les larmes ont été dures à retenir.

Nous sommes retournés à la maison du lac, faire du canoë, du paddle, du bateau, et même un feu d’artifice ! Nous sommes allés faire du rafting — cadeau de mes parents d’accueil en souvenir de mon “Senior Trip”— parmi les arbres, sur les cours d’eau, fouettés par le vent, réchauffés par le soleil, observés par des aigles, peut-être même par des caribous.

Ma famille d’accueil. Comment ne pas la mentionner? Je ne vous mentirai pas: tout n’était pas merveilleux. Nous ne nous sommes pas toujours bien compris. Et pourtant, je leur suis tellement reconnaissante. Mon retour nous a, je le sais, rapprochés et réconciliés.

Voilà comment, en 10 jours, nous avons vécu, Arthur et moi, une sorte de résumé intense de ma vie dans le Maine, (re)créant des liens exceptionnels. Larmes de joies, ragots, glaces et “Chamallows” grillés… mélange parfait pour des retrouvailles réussies. Je ne pourrais pas tout vous lister.

Au matin de mon départ, ce jour de juin 2018, j’ai cru retourner « faire un tour » aux États Unis. Quelques heures plus tard, en posant le pied dans cette maison du Maine, j’ai compris que j’étais en réalité rentrée chez moi.

En participant à ce programme, je pensais ne partir que pour un temps à l’étranger et j’ai finalement réalisé que je m’y étais construit un foyer pour la vie. Une année en famille avec PIE - Séjour scolaire d'une année