Pourquoi partir à l’autre bout du monde? Parce que je n’aime pas la routine, parce que j’aime l’aventure et les rencontres, parce que je suis curieuse! Curieuse de découvrir un nouveau mode de vie et d’éducation.
C’était un peu un rêve, et il est en train de se réaliser. Comment c’est ici? Tout est «big», les gens sont super chaleureux, ils parlent vite, ils ne se font pas la bise mais un câlin pour se dire bonjour, ils mangent beaucoup, ils ont quelques difficultés avec la géographie, et ils ne savent pas prononcer mon prénom. Je dirais que les Américains ont cette chose que les Français n’ont pas; le sens de la solidarité et de la fraternité. Vous me répondrez: «Mais Syliane, comment peux-tu dire ça? La fraternité est un des fondements de notre république, c’est même notre devise?» Eh bien, je vous rétorquerai que cela reste à l’état de devise. Car dans les faits, ici, aux États-Unis, tout le monde est ensemble, tout le monde s’entraide, quelles que soient la distance et les circonstances: quand un étudiant meurt d’un accident de voiture, tous les lycées de la ville récoltent des fonds pour les funérailles, quand on s’inscrit dans une équipe de sport et que l’on doit acheter son propre équipement —ce qui revient relativement cher— toute l’équipe se débrouille pour vous équiper, etc.
Comment ça se passe au niveau de l’anglais? Eh bien les deux premières semaines, ce n’était pas ça, j’avais pourtant un bon niveau d’anglais avant de partir, mais arrivée là-bas, je me suis rendue compte que je ne savais rien! Aujourd’hui, je me surprends: je regarde des films et séries en version originale non sous-titrée, et ça me plait; c’est un phénomène étrange, mais, maintenant, quand on me parle anglais, j’ai vraiment l’impression d’entendre du français!
De quoi ai-je peur? De prendre du poids… J’en suis à 4 kilos. Ici on pense nourriture, on rêve nourriture, on vit nourriture! Sinon, j’ai peur de mourir d’une surdose de sport. Les Américains sont super sportifs, alors à partir du moment où tu t’inscris dans une équipe, tu es obligé de jouer le jeu à fond à fond.
Pour ma part, je fais du «Softball Fastpitch», et notre devise c’est «Play hard, or Go home!» J’ai peur également de devenir plus «Shopping-addict» que je ne le suis, car ici, c’est beaucoup moins cher.
Et j’ai peur que mon petit frère de deux ans m’oublie. J’ai peur enfin de trop m’attacher à l’Amérique.
Je vis avec une femme seule, qui a 67 ans, mais qui travaille; je suis en «double-accueil»; je suis donc avec une autre fille de mon âge qui vient, elle, du Portugal. Parfois elle est comme une amie, et de temps en temps, comme une sœur. Autrement dit, cela nous arrive de nous faire la tête et d’être en colère. Il y a parfois de la compétition entre nous. Mais, on se pardonne, on évite d’empirer les choses, car on se dit que ce serait bête de gâcher une expérience comme celle-là. Et c’est mieux de se supporter que de se disputer. Sinon ma mère d’accueil a une grande famille: je ne m’ennuie donc pas.
Sérieusement, si vous lisez ce journal dans l’optique de partir à l’étranger ou d’envoyer l’un de vos enfants à l’étranger… et bien, faites-le! Chaque expérience est unique et ouvre à une éducation multiculturelle et une vision différente du monde qui nous entoure.
SYLIANE
Lss Cruces, New Mexico — Une année aux États-Unis