DE NOUVEAUX MONDES
Mireille et Dominique
Parents d’accueil de Léa, Linoska, Zoé, Sonia, Viridiana et Anna
Quand un matin, Angélique, notre fille, nous a parlé de son projet de partir aux États-Unis pour un an afin «d’améliorer [son] anglais et de découvrir de nouveaux horizons», nous avons été plus que dubitatifs. Nous ne savions pas, alors, que cette décision allait impacter de manière décisive notre vie.
Parents ô combien inquiets, Mireille et moi avons été rassurés et avons trouvé une forme de sérénité grâce à cette recommandation d’un collègue de travail: «PIE c’est un organisme sérieux, proche des parents et des étudiants, une expérience réussie.» Ce sont ces mots qui ont emporté notre décision.
On a du mal à croire que c’était il y a déjà 12 ans. Car depuis, les choses se sont enchaînées.
Aujourd’hui, PIE est devenu un élément important de notre vie. Un lieu de rencontres et d’échanges qui nous a confortés dans notre certitude que ce monde si vaste est composé de parents et d’enfants qui, bien que vivant dans des environnements complètement différents —et aux modes de vie si dissemblables—, sont pourtant tous liés par un leitmotiv: l’amour des hommes, la recherche de la solidarité et de la connaissance des autres.
Au retour d’Angélique des USA, nous avons eu le plaisir d’accueillir Léa, une jeune étudiante d’Estonie, et nous avons enchaîné avec Linoska de Colombie, Zoé d’Arizona, Sonia de Taiwan, Viridiana du Mexique, Anna de l’Ohio.
Ces six étudiantes nous ont apporté tant de choses! Chaque accueil est tellement particulier… avec ses propres découvertes, ses propres échanges (sur des sujets propres à chaque étudiant) qu’il nous oblige (avec plaisir) à «se» découvrir et à aller à la recherche de l’autre. Les relations sont à construire en fonction de chaque personnalité. Mais les constantes sont là : sourire d’un adolescent (fier d’avoir osé partir si loin et reconnaissant d’être accueilli), premières conversations dans un français hésitant, plaisir —peu avant le printemps— de se lancer dans des débats riches et de voir ces étudiants s’exprimer si bien dans leur nouvelle langue, stress de la rentrée, découverte d’équipes pédagogiques à l’écoute et mobilisées— pour faire de cette année une expérience intéressante en adaptant les attentes au niveau de l’enfant.
Nous avons assisté, lors de nos six accueils, à six intégrations/adaptations réussies au lycée. Qui féliciter ? sans aucun doute les étudiants —pour leur capacité d’adaptation extraordinaire—et aussi les personnels des lycées, si souvent décriés, mais qui ont su montrer à chaque fois le meilleur de leur institution.
Et puis vient le moment du départ, moment redouté car il signifie la fin de l’aventure, le retour vers une vie par trop normale, que l’on connaît bien, mais qui risque de ne plus nous satisfaire.
Ce moment de tristesse existe, on ne le niera pas. Mais, si on le veut et si l’on a établi un lien privilégié avec son enfant adoptif d’une année, tout peut continuer. Nous avons eu la chance d’avoir été invités à découvrir trois des pays d’origine de nos étudiantes : la Colombie, les USA, le Mexique. Nous avons établi des liens d’amitié et nous ferons tout pour les rendre durables.
Nous avons rendu visite à Léa à Rotterdam et elle est venue nous revoir en France à deux reprises. Linoska nous a reçus en Colombie et nous avons passé quinze jours inoubliables avec sa famille, à la découverte de Bogota, de Medellin et des autres villes colombiennes. En 2016, nous avons assisté à la graduation de Zoé dans la ville de Prescott-Arizona, et partagé avec toute sa famille des moments fantastiques de convivialité et d’amitié. Cet été, nous avons eu le plaisir de passer un moment merveilleux avec la famille de Viridiana à Mexico, et ensuite avec celle de Zoé dans l’Arizona.
Lorsque nous nous retournons sur ces douze années, nous avons le sentiment d’avoir élargi notre famille. Nos deux petites-filles, Léna et Maéline, n’étaient pas nées lors de l’arrivée de notre première étudiante et aujourd’hui elles sont partie prenante de ces séjours et apprennent la diversité des personnes et des cultures grâce à ces étudiantes. Une intervention de Viridiana et de son amie Anna Paula à l’école de Léna a permis un échange important avec les enfants et, au-delà des questions, leur a apporté une vision réelle du Mexique (bien différente de ce que peuvent parfois en dire les médias).
L’immense plaisir que nous avons à garder un lien avec les étudiants et leur famille, de nous créer de nouvelles amitiés (au-delà des frontières et des océans) provient et est entretenu sans nul doute par cet esprit qui flotte entre tous les membres de la «famille PIE»: une sorte de mélange de don de soi et d’ouverture aux autres! Permettre et faciliter la rencontre entre des parents inquiets —d’envoyer leurs enfants au bout du monde— et une famille accueillante —et fière de son pays et de ses origines— c’est autoriser les uns et les autres à créer un lien très fort, un lien qu’il ne tient qu’à eux (qu’à nous) d’entretenir et d’approfondir.
Merci à PIE de nous permettre de vivre cette expérience fantastique, Mireille et moi sommes extrêmement reconnaissants de faire partie de cette famille.