Host families

Tant de choses que j’aimerais partager… Je pense que je vais commencer par le début. J’ai fait un mois intensif d’anglais en Indiana, à Newburgh, une ville d’un peu plus de 10 000 habitants. Là-bas, il y avait un gigantesque centre commercial, et l’on pouvait faire tout ce qu’on voulait assez facilement. C’était très vert, avec plein de petits pavillons alignés, comme on peut en voir dans les films ! Je me souviens que la plupart des personnes auxquelles j’ai parlé avant de partir me disait que l’Indiana ne devait pas être bien. Ils se sont vraiment trompés. Je crois qu’en réalité ils ne connaissaient pas du tout l’Indiana. Je pense que je ne me suis presque jamais sentie aussi bien que pendant les deux mois que j’ai passés là-bas. J’aimais beaucoup notre groupe « d’Exchange students » : il y en avait de Corée, de République Tchèque, du Japon, du Mexique et aussi d’Espagne, on s’est tous bien entendus et on s’est beaucoup amusés ensemble !

Au départ, ma « host-family » du camp de langue devait être ma famille définitive. J’adorais cette « host-family » : ma « host-mom » était un ange — jamais je n’aurais pu soupçonner qu’un être humain puisse être d’une telle gentillesse — mes « host-sisters » et « host-brothers » étaient adorables — quoique parfois, les garçons étaient un peu agaçants. Mais malheureusement, suite à des complications de l’association américaine et du lycée le plus proche, il a fallu que j’aille dans un lycée privé. Et dans la mesure où il n’y avait que douze élèves dans ce lycée, j’ai préféré changer de famille. Et pourtant, je vous l’ai dit, je l’adorais cette famille.

Un mois après, ASSE (l’association américaine) m’informait que je partais pour le Montana, à Dillon, une ville de 3 000 habitants. Pour vous donner une petite idée, le Montana est tout au nord-ouest des USA. Les températures l’hiver descendent parfois jusqu’à moins 40° C. Le jour du départ, j’ai dit au revoir à ma mère d’accueil. Elle était en larmes. Elle m’a dit que je serais pour toujours un membre de la famille, et que désormais elle me considérait comme une de ses filles. Moi, j’ai essayé de rester forte, de m’éloigner d’elle. Je suis partie comme ça vers ma nouvelle destination : Dillon, Montana.

Je suis arrivée là-bas à 11 h du soir. Je ne savais pas à quoi ressemblaient mes parents d’accueil parce que je n’avais pas reçu une seule photo d’eux. Heureu-sement, ils m’ont fait un signe lorsqu’ils m’ont vue. Mon premier réflexe a été de leur faire un « hug » (de les serrer dans mes bras)— parce que c’est comme ça qu’on fait dans l’Indiana et que j’étais habituée à ce genre de gestes —, mais je me suis très vite aperçue que c’étaient des personnes rurales et qu’ici, on ne faisait pas comme ça.
Nous sommes allés à la maison, à une heure de route de l’aéroport. Quand je me suis réveillée, le lendemain, personne n’était là… juste une note de ma « new host-mom » qui disait que je pouvais m’installer tranquille, et que dans l’après-midi, elle me ferait visiter le lycée.

J’étais à la fois très excitée et très nerveuse de découvrir ma nouvelle école. La journée s’est passée plutôt bien : j’ai fait connaissance avec mon proviseur, j’ai choisi mes matières, je ne me suis pas perdue dans les couloirs. Mais à l’heure du déjeuner, en rentrant à la maison, j’ai fondu en larmes. Je ne savais pas trop pourquoi je pleurais, ni pour qui. Pour l’Indiana ou pour la France ? Je ne sais pas, mais j’ai craqué. Craqué comme jamais je ne l’avais fait depuis mon arrivée aux USA. J’ai pensé alors que je ne resterais qu’une semaine dans le Montana, et qu’après je me débrouillerais pour revenir avec ma « host-family » en Indiana.

C’était il y a quatre mois. Et je suis encore là.

Ma vie dans le Montana est totalement différente de celle que j’avais dans l’Indiana. Je suis en pleine campagne, au milieu des vaches et des montagnes, mon « host-father » fait de la taxidermie, chasse et « trappe » (son atelier est juste à côté de la maison, alors croyez-moi, on devine tout de suite quand il a attrapé un putois !) En arrivant le premier jour, une de mes surprises fut de découvrir trois ours empaillés dans le salon ! Ma famille est mormone. Je sais que plein de gens pensent que c’est une secte — et c’est vrai que dans nos critères ça y ressemble beaucoup — mais ça n’en est pas une. Ces gens sont vraiment gentils — quoiqu’ un peu collants desfois avec leur histoire de religion. Ils ne boivent pas de café ni de thé, les ados n’ont pas le droit de sortir avec quelqu’un avant 16 ans, etc. Je voudrais conseiller à tous les futurs « exchange students » de ne pas rejeter d’emblée tout ce qui touche au religieux ou d’avoir des préjugés sur une famille parce qu’elle est pratiquante. Si vous n’avez pas de religion, dites-leur que vous n’êtes pas croyant, mais allez au moins une fois à l’église, vous pouvez aimer ça, être avec vos amis, et faire des activités…
Bizarrement, au bout d’une semaine, je me suis faite à ma vie dans le Montana. Mon lycée est génial, les « Students » sont super sympas, certains cours sont supers (comme par exemple « Food class »). Il y a les « Spirit weeks » (semaines à thème), les matchs de basket et de football américain, avec les « cheerleaders », la mascotte (un castor dans mon lycée)… ! Dernièrement, j’ai fait un voyage d’une semaine à New-York. En partant, je me suis rendu compte, que j’avais du mal à quitter ma « new host-family », ne serait-ce que pour une petite semaine. Et j’ai compris alors que le « grand départ » — je veux parler du départ pour la France, dans deux/trois mois— serait très, très difficile.
Je suis aujourd’hui partagée entre la joie de rentrer et de revoir mes amis et ma famille, et le fait de quitter ceux avec qui j’ai vécu un an de ma vie. Je me souviendrai toujours des journées où je suis allée « trapper » avec mon « host-dad » — je n’aime pas tuer les animaux, mais j’ai pris tant de plaisir au coeur de ces paysages, à monter l’un des chevaux de mon « hostbrother » — ; je me souviendrai toujours du bal de Noël du lycée, du bal de Promo, de l’esprit qui règne dans mon lycée, et de toutes ces autres petites choses : taquiner mon « host-dad », prendre le temps de regarder les choses… Je sais que je reviendrai voir ma famille du Montana et ma famille de l’Indiana. J’aimerais vraiment pouvoir revenir tous les ans. Je pense que ce sera un peu difficile. Mais une chose est sûre : je saisirai toutes les opportunités. Parce que désormais ces familles sont toutes deux mes familles. J’espère qu’un jour, ma mère comprendra mon expérience, qu’elle admettra que j’ai changé — pour tout vous dire, j’écoute même de la « Country music » — qu’elle comprendra que ce que j’ai vécu est unique, et qu’elle comprendra surtout que si mes « Host-families » ne remplaceront jamais la famille qui m’a élevée depuis ma naissance, elles tiennent, toutes deux et pour toujours, une place très importante dans ma vie. Je les aime très fort et du fond de mon coeur.

Julia, Dillon, Montana, Un an aux USA