L’impression du mois

p_314_54_marie|broussard_usa_lLA MOITIÉ DE MON RÊVE
Marie — Boise, Idaho, USA
En image  — Marie : “Mon petit frère et moi à Starbucks”

Je me souviendrai toujours du jour où en rentrant du lycée ma mère m’a parlé de PIE. J’ai regardé le site, j’ai trouvé l’idée de partir super, et en dix minutes, j’avais décidé de filer dix mois aux USA. J’ai lu les témoignages des anciens, j’ai annoncé à tout le monde ma décision et je me suis inscrite. Remplir tous les papiers a sûrement été la partie la plus pénible de tout le programme. Sans compter le fait de me préparer à partir, sans vraiment savoir où. Le deuxième moment le plus marquant de mon échange a été la réception du mail de PIE m’annonçant que j’avais une famille d’accueil. Je me souviens d’avoir pleuré de joie et je me souviens avoir pensé: «Ca y est. Je pars. Je change ma vie. Wow!» Et puis, après, j’ai juste attendu. Même sur place, je ne pouvais pas réaliser que j’y étais. Quand, après une journée complète de trajet, j’ai embrassé chaleureusement ma famille d’accueil pour la première fois, je ne réalisais pas. Quand je me réveillais le matin et que je galérais à parler anglais, je ne réalisais pas. Le premier jour à l’école, je ne réalisais pas. Pour moi, c’était juste trop de prénoms, de mots, d’accent… trop rapide… j’étais trop fatiguée. Au moment où j’écris ce texte, je viens de passer Noël en famille. J’ai beaucoup pensé à la France ces derniers jours, et même si ma famille me manque, je sais que ma place est ici. Ici, en juste six mois, je me suis trouvé une grande sœur, un petit frère, d’autres parents, et je me suis fait des amis que j’aimerais ne jamais quitter. J’aimerais passer le reste de ma vie ici. J’ai tant appris: à m’occuper de moi-même, à être indépendante, à m’accepter, à ne pas juger, je me suis affirmée, je sais repousser mes limites… encore plus loin… tout le temps. J’ai l’impression d’avoir acquis dix ans de maturité en seulement six mois. J’ai tellement changé que j’en ai peur de rentrer. J’ai appris à être reconnaissante, gentille, j’ai appris à gérer mes propres problèmes. Je ne suis plus la fifille que j’étais en partant. Je ne savais pas que j’avais cette force en moi, celle qui me permet d’avancer.
Alors, à toi, qui hésite à partir ou non, je dis : «Juste, fais-le». Tu ne le regretteras pas. Une année à l’étranger, c’est t’ouvrir un monde, un monde qui n’appartiendra qu’à toi. C’est indescriptible, et tellement incroyable. Où que tu habites, où que tu sois, qui que tu sois, tu trouveras cette force en toi. Comme le dit Mandela :« Il n’y a pas de passion à se contenter d’une vie qui est inférieure à celle qu’on est capable de vivre.» Moi, si je devais le refaire, je referais la même chose, je remplirais le même dossier, je repartirais pour une autre vie. Une vie dans un nouveau monde. Un rêve dont je ne veux jamais me réveiller. Un rêve dont je suis tombée amoureuse. Un rêve dont j’ai déjà vécu la moitié.