Tour d’horizon

Quel départ ! Je me revois encore en train d’essayer de me faufiler dans la foule avec mes 40 kilos de valises. Et plutôt que de m’aider, maman qui me foudroie du regard et qui me fait des réflexions du genre: «Si tu veux louper l’avion, préviens-moi tout de suite, on rentre à Lyon ! » Plus tard : on s’embrasse, on récite des formules dignes des plus grands films, on pleure… pas ! (Seul petit bémol pour notre film). Et on s’en va. Enfin, contrairement à ce que nous faisaient croire les gars de PIE, on est en avance, et on glande pas mal avec Fred, avant de pouvoir embarquer pourle pays de tous les rêves. Dans l’avion, après un échange avec les mecs les plus blasés du monde, je me retrouve à côté de Fred. Le vol est assez horrible. Les hôtesses ne sont pas du tout sympas. Elles sont inefficaces au possible. Et, par-dessus le marché, Fred me conseille des films minables! Je me fais donc un peu chier. Je regarde «300 », un film de mythologie, où 300 mecs en slip affrontent une armée entière et suréquipée. Je ne sais pas si c’est par manque de temps ou de budget, mais la bande-son est constituée de rugissements, avec de la guitare hard-rock pour accompagner le tout. En résumé, c’est le film le plus minable qui ait jamais été tourné. L’arrivée à Washington est complètement folle. Un peu avant l’atterrissage, une fille vient nous dire qu’on ne dispose que d’une heure pour le transfert, qu’on doit courir sans attendre personne, et que, de son côté, elle resterait à un point précis pour qu’on vienne la voir dans le cas où on loupe l’avion. Le seul truc c’est qu’elle ne nous a jamais dit où était le point en question. Au final, voyant qu’on ne pourrait jamais y arriver, on emploie les grands moyens : on se dirige vers une employée avec un T-shirt où il est marqué: «Puis-je vous aider ». Évidemment, elle nous répond qu’elle ne peut pas nous aider ! Mais on arrive quand même à se remettre dans la file et à gagner une centaine de places. Finalement on passe, on court, on prend nos bagages, on fait la queue, on se fait contrôler, on redonne nos valises, on court en remettant nos chaussures, on regarde le tableau des départs, on recourt, on change de terminal, on re-re-court. Et on loupe notre avion. Et là le cauchemar de l’aéroport commence … Mais bon, je me rassure en pensant à Fred qui doit faire un second transfert seul à Denver. Nous, on est trois, et on n’a plus qu’un seul vol. Par chance on rencontre un Français qui travaille à l’aéroport, et qui nous trouve un avion pour le lendemain matin. On dort sur des sièges, entourés d’Américains — qui se réveillent à deux heures du matin pour aller manger des beignets — et des employés chinois, qui ont visiblement l’habitude de dormir sur leur lieu de travail. On finit par arriver sur le lieu du « Langage camp ». Et là, tout est génial.
C’est ma quatrième visite aux USA, et je continue d’aller de surprise en surprise. Je songe de plus en plus à obtenir la nationalité. Seul bémol — imputable sans doute à ma chance légendaire — je suis placé dans le groupe le moins bien : 18 allemands ! Je peux vous dire que ce sont des sauvages. Heureusement, je suis avec deux très gentilles françaises (hélas pro-Sarko et membres de l’U.M.P.). Les profs sont géniaux. Les Dickson sont super sympas, et mon Allemand (celui qui est dans la famille avec moi) l’est aussi. Comme quoi !
La plupart du temps, une journée se déroule assez simplement. Le matin, on va en cours : on y parle de politique, de culture, de tout. Et l’après-midi, soit on va faire du sport soit on fait des sorties entre étudiants. La salle de sport, c’est quelque chose. Comme dans les films : des dizaines de tapis roulants pour courir, entourés de toutes sortes de machines à gonflette.
Moi, le plus souvent, je cours et je fais un peu de muscu. Ensuite, on va dans une des piscines, puis au hammam. Il y a aussi un sauna, des salles pour faire du basket ou des sports d’intérieur…! Le week-end dernier, on est allés chez les grands- parents de la famille. Le grand-père est un forgeron amateur et il nous a raconté plein de trucs passionnants. Le soir, on a fait un puzzle: j’y ai pris goût ! Côté activités, on est allés au concert de Linkin Park.
Je ne connaissais pas la musique, mais c’était pas mal. Ce que j’ai préféré, c’étaient les 20000 spectateurs : ça fait plein de bruit, tout le monde crie. J’ai pas compris pourquoi on s’y amuse. Presque mieux que le concert, c’était le public! Faut imaginer des mecs de 15-16 ans, qui se disent contre l’argent et la société de consommation et qui dépensent des fortunes pour se donner une apparence de clochard. On est aussi allés voir un match de base-ball. Le base-ball, c’est marrant, parce que c’est exactement l’inverse des autres sports. Dans la plupart des sports, tu te fais chier pendant la pause ; ben là, tu te fais chier pendant que les mecs jouent. Mais par contre, à chaque pause, il font des mini jeux sur le terrain, qui sont super marrants. À la fin, il y a même un feu d’artifice ! Aujourd’hui, on est allés au zoo. Pas génial…
Côté repas, c’est la grande surprise, car dans ma famille d’accueil, un soir sur deux, on fait un vrai repas, et c’est plutôt pas mal. Pour le reste, tu manges ce que tu trouves, entre le «peanut butter», le «cheddar cheese» et un tas d’autres immondices. Tous les vendredis, on mange des pizzas devant la télé, car il y a des amis qui viennent regarder Stargate. Mon frère d’accueil mange une mixture de «peanut butter», de lait en poudre et de sirop d’érable ; il paraît que c’est bon. Moi, je préfère ne pas essayer.

Pierre-Loïc, Lexington Park, Maryland, USA, 2×6