L’alphabet de l’absence: lettre C et D

Trois-quatorze continue la publication de son alphabet avec les lettres C et D. C comme Californie, Californie, Côte Est… D comme Départ, Delaware, Dollar…

Californie.
Lettre DLa Californie conserve, aujourd’hui encore son statut d’Eldorado. Il y fait chaud, il y fait bon vivre. C’est le pays des stars – celui des usines à rêves (MGM, Paramount ou Universal). La Californie a tout : mer, montagne, parcs naturels et forêts, déserts, grandes industries, richesse naturelle du sol, puissance intellectuelle, universités de renom (Berkeley, Stanford, UCLA…), puissants centres de recherche (Silicone Valley), campagnes tranquilles, vertes vallées et mégalopoles hors normes. Los Angeles, la capitale économique de l’état, est un centre culturel sans équivalent dans le monde – San Francisco, une cité énorme et tranquille – San Diego, un port militaire paisible ! Cet état, qui pourrait sans inconvénient s’élever au rang de nation, entraîne tout le pays dans son sillage et le tourne dans un même mouvement vers le Pacifique et le siècle à venir. L’économie y est vivace, le tourisme épanoui – de nombreux événements culturels de dimension mondiale y voient le jour – tous les grands sports s’y développent (même le Soccer, avec la «World cup 94!»). La Californie est à la fois le bout de ce que l’on a appelé «le nouveau monde» et la première marche vers un monde, sinon nouveau, du moins différent. C’est une sorte de trait d’union entre ce que l’on connaît et ce que l’on voit venir. Californie = dream ? Certains oseraient presque poser l’équation. Nous aurions tendance à les prévenir que le passage du rêve à la réalité est parfois destabilisant !
La Californie est une des 8 destinations American Summer et un des états où les participants PIE sont susceptibles d’être plaçés (Région Ouest).

Calorie
Omniprésente, la calorie fait partie intégrante de la vie quotidienne. Elle vous approche doucement, puis se dédouble, se décuple et finalement vous encercle ! Et là vous êtes pris au piège : à gauche les glaces, à droite les bonbons, derrière les boissons et devant les brownies, et finalement vous capitulez après des mois de lutte acharnée… Vous croyez que si je commence un régime «slim fast» en avril ça suffira ?
Gaëlle – Monticello, Kentucky

Chance
Merci à mes parents de m’avoir laissée partir…
Maëlle – Monticello, Kentucky

Civilisation.
C’est tellement intéressant de découvrir une nouvelle civilisation ! Bien-sûr, au début j’avais un peu la trouille de ne pas savoir me débrouiller avec mon ex-pitoyable prononciation anglaise, mais l’obstacle de la langue passe très vite. Et puis mes nouveaux amis m’ont fait découvrir plein de choses – on a même fait Halloween ! Je sais qu’on était un peu grand pour faire «Trick or treat» mais pour moi, c’était inconcevable d’être au Canada et de passer à côté d’un tel évènement ! Et puis, on a fait plein de sorties avec ma «host family». Ma «host mother» m’a même payé mon billet pour aller voir le concert de Bonjovi ! Il est vrai que de temps en temps j’ai des petits coups de cafard, mais la famille et les amis sont toujours là pour me faire oublier que je suis triste ! Bref, j’adore la vie canadienne. Les gens sont si relax, le stress n’existe pas, surtout à l’école où l’on se rend avec plaisir (je ne plaisante pas !). Il y a une expression qui va tout à fait aux Canadiens : «Ici, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !»… A tous ceux qui sont tentés par cette aventure, je dis : «foncez sur l’occasion, avant qu’il ne soit trop tard, c’est le moment ou jamais !». Ceci est le meilleur conseil que je puisse leur donner.
Laurent – Midale, Saskatchewan

Confiance

Merci Papa, merci maman, merci P.I.E. Merci pour votre confiance. Vous comptez sur nous pour être heureux et pour réussir dans un autre pays, pour nous épanouir. Mais, nous aussi, il nous faut avoir confiance. Confiance en nos parents, en notre famille d’accueil mais d’abord et surtout en nous-même. Nous devons ouvrir notre coeur aux autres, nous devons offrir et savoir recevoir de la chaleur humaine.

Construire
En ce moment, nous construisons nos futures vies. Nous construisons nos caractères, nous construisons des liens. Ce sont les fondations d’un avenir solide et serein que nous bâtissons…
Marie-Pierre – Moscou, Russie

Côte est
Pourquoi, quand on pense aux USA on parle aussitôt de la côte ouest ? Réveille-toi la côte est. Tu as aussi du charme… Personnellement je suis littéralement tombée amoureuse de New York. Il faut dire qu’une vue de l’Empire State Building alors qu’il fait nuit, vous offre un spectacle magnifique, sinon inoubliable. J’ai également visité Washington qui n’est qu’à une heure de route. Ma High School organise un week end de 4 jours à New York. Je suis trop impatiente d’y retourner… Sinon, il y a trop de choses à dire pour savoir par où commencer, et de toute façon, je n’aurai pas la place ! Ici la musique est géniale et les cours passionnants (psycho, problèmes de la société américaine, mythologie etc…). Ma High School est immense. J’ai fait partie de l’équipe de «cross country» (course à pied), mais la saison est terminée. Je suis membre de plusieurs clubs et bientôt admise dans la «National Honor Society» ! J’ai également rencontré une fille géniale : Cinzia. Elle est Italienne. C’est quand même dingue qu’il ait fallu traverser l’Atlantique pour se rencontrer ! Je ne regrette rien. Même si j’ai l’impression de ne pas progresser en anglais et de régresser en français ! Je me rends compte que la France est magnifique par sa culture, son histoire et sa langue. J’ai une nouvelle vision de mon pays. Ceci dit, j’adore les USA, mais ce n’est pas comparable. J’ai l’impression de mûrir car les longues séparations font réfléchir. Et puis je m’intéresse à de nouveaux «paysages». Bref, cette année aura été formidable et m’aura dévoilé mes côtés cachés… J’ai pas tellement parlé de la côte est. Mais je vous jure qu’elle a du charme. Et puis, c’est pas grave.. Cinzia aussi commence par la lettre C ! See you in june !
Julie – Finksburg, Maryland

Courage

Oui, du courage je crois qu’il nous en faut pour nous lancer dans cette aventure de toute une année à l’étranger. Du courage, il m’en faut chaque jour pour affronter les petits problèmes, pour dire «Da» quand on pense «Niet» mais qu’on ne veut pas blesser les gens… Du courage, nos parents en ont aussi besoin pour apprendre à vivre loin de nous.

Débarquer
Les immigrants ont débarqué pendant près de deux cents ans. A notre tour maintenant. Pas de la même manière, bien évidemment, mais à notre façon nous sommes tout de même des immigrants.
Irène. Sprague, Washington

Décollage
C’est le moment le plus fort et le plus pénible. Celui où ça se concrétise. On pense :«Qu’est-ce que je suis en train de faire ?» Puis l’avion quitte le sol. On se dit qu’on est fou. Et puis on se dit : «Ça y est, on est parti.»
Irène. Sprague, Washington

Delaware
Le Delaware tire son nom de Lord George de la Ware, 1er gouverneur de Georgie. C’est un des 13 états d’origine de la confédération.. Adossé à la mer, pressé par la Pennsylvanie et sa capitale Philadelphie, pris en sandwich entre le monstre New Yorkais et le timide Maryland, le Delaware aurait tendance à se faire oublier. Mais il se rappelle à tous par quelques originalités : sa taille d’abord (ce n’est pas le plus petit des 50 états, mais peu s’en faut), Atlantic city ensuite (le «Las Vegas» de la côte, et son nom enfin (un nom qui sonne aux oreilles européennes avec l’élégance littéraire des vieux noms d’angleterre). Le Delaware a accueilli 4 participants PIE – résultat discret (0,002 % seulement des candidats depuis la création de l’association) mais respectable pour un si petite état. Ça tombe bien, puisque discrétion et respectabilité étaient, dit-on, deux des «qualités» de Lord de la Ware.

Départ…
Difficile de ne pas penser au stage. Deux jours de préparation, de réunions, de questions et de réponses. Deux jours pleins, fous, drôles. Après on change de D. Dans le désordre : drame, déprime, détresse, désespoir, dépression. Je dois avouer qu’au tout début j’avais vraiment l’impression d’être seule. Désolation. Puis déception de voir enfin ce qui nous arrive (raison pour laquelle il vaut mieux ne rien imaginer avant le départ). Mais départ rime aussi et surtout avec différence et découverte. Ici il y tant à voir. Ce pays est un miroir aux alouettes. Le pire côtoit le meilleur. Quelque chose vous attend et vous surprend à chaque coin de rue.Vraiment on en apprend tous les jours. Voilà pourquoi, il faut partir. Et pour finir : D de Merci et de Bravo, pour la gentillesse et la disponibilité de tous ceux qui rendent possible ce Départ.
Marie. Bolton, Connecticut

Dollar

Monnaie américaine, monnaie internationale, le dollar est à l’économie mondiale ce que la température est à un malade. Si son niveau est anormal c’est que le monde va mal – s’il est normal, ça ne veut pas dire que le monde va bien. On doit savoir que le dollar US est la monnaie d’échange des séjours linguistiques. Et oui ! dans ce métier aussi, on parle anglais et on parle en dollar. PIE et Clavin Thomas paient toutes les redevances qu’ils versent à leur correspondant en dollar. Or, ces redevances représentant environ 30 % des prix des séjours (recherche de famille, inscription scolaire, suivi…), les importantes fluctations de cette monnaie (11,50 F en 1985 – 4,80 en 1994) ont des conséquences importantes sur le coût général des dits séjours

Dominique
Notre délégué de Bretagne, tellement dynamique qu’une de nos filles vient de partir aux USA et tellement disponible, qu’une autre partira bientôt. Et nous avons 6 enfants.
Mme Muzard

Drôle. 1. Qui fait rire, comique. Florian, notre fils, est drôle. Depuis sa naissance il n’a cessé de nous faire rire. Et sa première lettre, en provenance du Michigan nous a fait pleurer de rire. Pour mon anniversaire il m’a envoyé une petite broche en forme de citrouille. Dès que quelqu’un la voit, il rit. Moi je la porte sur mon coeur. «Sa mère» d’accueil nous a expliqué» qu’il était «goofy» et «hilarious» et qu’avec lui on rigolait tout le temps. Sa drôlerie nous manque. 2. Qui intrigue, étonne, qui est bizarre. Dans notre entourage, beaucoup de personnes trouvent étonnant, voir bizarre que Florian ait voulu quitter son foyer. Ils pensent qu’il va perdre une année scolaire. Ils trouvent ça drôle.Mais, nous pensons à son ouverture d’esprit, et nous le voyons s’ouvrir au monde et aux autres. Nous sommes fiers de lui.
Mme Defert.

D comme…
J’ai rencontré D à la première «school dance» de l’année. J’étais sur la piste de danse depuis deux heures. Très à l’aise : Rock, Rap… Tranquille le franchie. Mais D allait rapidement s’imposer à moi. Les enceintes finissaient de cracher les boumboumboum, lalalilala quand D se manifesta. Le lâche. D’abord une musique inconnue, puis une frénésie communicative qui s’empare de toute la salle. Moi : paralysé, horrifié. D venait de me réduire à rien. Toute la salle qui dansait sur le titre phare de Great Big Sea (un groupe de Newfound land – sorte de Morvan Canadien), qui ne ressemblait à rien de connu. Une sorte de musique que l’on pourrait situer quelque part entre une gigue, une bourrée, un rock et une country dance : une alchimie de fanfare locale et d’Ophélie Winter. Tout le monde, ensuite, s’est mis à taper du pied en suivant le rythme d’une grosse caisse, grosse caisse bientôt relayée par un violon et une guitare électrique. Et moi j’étais cloué sur place, incapable de bouger. Voilà ! Maintenant je sais. D a un nom. Je le reconnais quand il se manifeste, je le repère physiquement. D s’appelle dépaysement. Je le côtoie presque tous les jours. Quant à «choc culturel», son frère jumeau, il me réserve autant de surprises et bien plus de désillusions.
Jean-Fabien. Hunts Point, Canada

Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°25